PEUT-ON LIMITER LES EFFETS NEFASTES D'UNE PLAIE ?
Le cas des plaies accidentelles
En ville, lorsque les arbres sont insuffisamment protégés, les plaies accidentelles sur le tronc sont nombreuses : arrachement ou décollement de l'écorce suite à des accrochages, des chocs par les automobiles, par les engins de chantiers ou les tondeuses à gazon, etc. Dans le cas de plaies récentes, il faut intervenir le plus rapidement possible en effectuant un parage à l'aide d'outils appropriés. Le parage consiste alors à supprimer l'écorce arrachée et les éclats de bois. Dans le cas de branches et de racines cassées ou arrachées, le parage consiste en une coupe franche selon les règles exposées précédemment.
Il est parfois conseillé de reprendre les bords d'une plaie accidentelle, de les reprofiler, pour favoriser le développement du bourrelet cicatriciel. L'intérêt de cette technique est contesté par de nombreux professionnels et chercheurs qui lui reprochent d'agrandir inutilement la surface de la plaie et de favoriser des fissures dans le bois.
Le cas des plaies de taille
L'arbre est protégé par son écorce des agressions du milieu froid, soleil, attaques par des agents pathogènes. . . L'application d'un produit protecteur sur les plaies de taille susceptible de jouer temporairement le rôle de l'écorce, en attendant la cicatrisation, peut paraître utile. Elle est en fait controversée par de nombreux spécialistes de différents pays.
Il n'existe aucune preuve scientifique démontrant les effets bénéfiques à long terme des enduits, fongicides ou autres mastics sur les arbres. Par contre, des études montrent qu'ils peuvent avoir un effet néfaste en constituant un milieu favorable aux micro-organismes (augmentation de l'humidité et de la température). Par ailleurs, la relative inefficacité des enduits peut être partiellement expliquée par le fait qu'un arbre contient déjà sa propre flore de micro-organismes dans les différents compartiments de son bois. Certains d'entre eux possèdent un pouvoir pathogène important mais restent latents tant que les conditions micro-climatiques internes du bois ne changent pars. A la faveur d'une plaie, cette flore d'agents pathogènes peut être libérée et commencer à proliférer en complétant son cycle de vie, avec ou sans application d'enduit protecteur.
Selon les différentes recherches, certains produits, lorsqu'ils sont appliqués sur des coupes de fin d'hiver, limitent le dessèchement des plaies et accélèrent le processus de recouvrement des plaies pendant une durée de 2 à 3 ans. Au delà de cette courte période, les témoins ont autant de bois de recouvrement que les arbres traités (Dujesiefken 1995).
En définitive, la bonne réalisation des coupes et le bon affûtage des outils sont les meilleurs moyens de limiter les effets néfastes des plaies de taille.
Curage et drainage des plaies : des pratiques dangereuses
Le curage : technique consistant, avec des outils appropriés, à enlever le bois pourri et le bois coloré des plaies jusqu'au bois sain.
Le drainage : technique consistant à vider les cavités de leur eau en posant par perçage un drain.
Chez les arbres traités par curage, les parois de protection (CODIT) sont détruites, les agents pathogènes peuvent facilement progresser dans le bois présent au moment de la taille ou de la blessure, et dans le bois formé après.
La pose d'un drain implique de percer la zone de barrage d'une plaie compartimentée. La présence d'eau dans une cavité n'est pas dangereuse pour la vie d'un arbre. Bien au contraire l'eau rend le milieu anaérobie et inhibe ou ralentit de façon significative le développement des pathogènes les plus agressifs.
Extrait de l'indispensable ouvrage de référence : C. Drénou "La taille des arbres d'ornement"