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 les poëmes du jardin des poëtes

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Maeva

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyVen 18 Mai 2012 - 21:19

Merci ! jaime
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merlevenezien

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyLun 21 Mai 2012 - 12:24

Jean Debruynne, au service de la Parole

né en 1925

Prêtre de la Mission de France, poète à l'affût de la fraternité, le P. Jean Debruynne s'est éteint samedi 8 juillet au Liban

Le site de la Mission de France


Sa casquette de marin pêcheur lui donnait cet air de navigateur qu'il était, à sa manière, devenu. La canne qui, ces dernières années, soutenait parfois son pas, disait sa fatigue, due à un cancer, mais aussi son désir de poursuivre le voyage, d'escale en escale. « Quatre-vingts ans, confiait-il d'ailleurs en mai 2005, alors qu'il fêtait, entouré de nombreux amis, son anniversaire, ce n'est pas un sursis ni une prolongation, ni un crédit accordé en prime. Quatre-vingts ans, c'est une naissance. »

À 80 ans, ajoutait-il, « je suis libre d'aller bêcher, ratisser, semer, arroser le jardin de l'Évangile ». Jean Debruynne s'est éteint samedi 8 juillet au Liban, où il séjournait depuis trois semaines pour un spectacle qu'il avait écrit et qui devait être donné pour les 7 000 ans d'existence de Byblos. Sa santé s'étant dégradée la semaine dernière, il avait dû être hospitalisé à Beyrouth.

Prénommé en réalité Jean-Baptiste, il était né en 1925 à Lille. Son père était originaire de Stenwoorde, en bordure de la frontière belge. Sa mère était alsacienne. Des précisions utiles, car Jean Debruynne avait sans doute hérité d'eux son caractère «un peu frontalier (1)». Son enfance fut, comme on dit, «sans histoire». Certes, il n'aimait pas l'école. Quant à l'Église, elle lui apparaissait une autorité, un pouvoir, et les prêtres, dont certains étaient aussi ses professeurs, lui faisaient peur, ce qui a sans doute pesé dans ses rapports futurs avec l'institution. Ce qu'il aimait alors, c'étaient ces temps de solitude où il pouvait laisser aller son imagination, rêver de lointains.

C'est à l'adolescence que la vie de Jean Debruynne va basculer. Avec la guerre, la famille s'installe dans le Lot-et-Garonne. Il y fait l'expérience de la pauvreté et l'apprentissage de la différence. Il quitte en effet la ville pour la campagne, des églises pleines pour une église pratiquement vide. C'est pourtant là, sur ces terres où apparemment Dieu est absent, qu'il se sent appelé. « Ma vocation, dira-t-il plus tard, est née de l'absence, du désert où Dieu n'est pas. Le rien est devenu pour moi sacrement de la présence de Dieu. »

"Abattre le mur" qui sépare l'Église d'une partie de la société

Bien sûr, cette vocation va avoir besoin de temps pour mûrir. Un article paru dans une édition régionale de La Croix sur la Mission de France va servir de révélateur. « Tout de suite, je me suis dit : c'est ça que je cherche », confiera-t-il. Aussitôt, il écrit à cette Mission de France, créée en 1941 à l'initiative du cardinal Suhard pour « abattre le mur » qui sépare l'Église d'une partie de la société. En 1943, il entre au séminaire de Lisieux. « Ici, il n'y a pas de règlement, explique le supérieur. Par contre, il y a une règle, et cette règle, c'est l'obéissance au réel. »

Cette obéissance à l'événement, à l'inattendu, va commander sa vie. Après la Libération, il travaille comme cheminot. Lui qui a déjà, au contact de la spiritualité de Thérèse de Lisieux, fait le choix des « petits aux yeux du monde », découvre alors le monde ouvrier. Il sera ensuite tôlier formeur à la chaîne, valet de chambre. Au cours de ces stages, il apprend « la dépossession ». Adhérent à la FSGT, organisme culturel dépendant de la CGT, il découvre aussi le théâtre et les poètes, Prévert surtout. « C'est incontestablement à lui que je dois mon écriture », dira-t-il.

Revenu finir son séminaire à Lisieux, il est ordonné prêtre en 1950 par le cardinal Liénart, évêque responsable de la Mission de France. Son premier ministère le mène alors à la paroisse Saint-Hippolyte, dans le 13e arrondissement de Paris. Puis, en 1953, il devient secrétaire de la Mission de France, dans une période où celle-ci est remise en cause. Rome décide en effet la fermeture de son séminaire, puis interdit les prêtres-ouvriers.

Pour Jean Debruynne, le temps est venu d'un nouveau départ. Passionné par « le symbole et le langage », il reprend des études de philosophie à Lyon. Il suit aussi les cours de l'école du jeu dramatique de Jean-Louis Barrault. Et plus que jamais, il écrit : des poèmes, des chansons, des jeux scéniques.

"Son terrain de mission privilégié, c'était le monde des jeunes"

Les Scouts et les Guides de France font alors appel à lui. « Il ne s'est jamais arrêté d'être aux côtés du scoutisme, précise Claude Moraël, délégué général des Scouts et Guides de France. C'est lui qui a écrit le jeu scénique à l'occasion de la fusion. C'était un résistant de Dieu, quelqu'un qui donnait envie de suivre l'Évangile. » Le Centre national de la catéchèse le sollicite aussi. « Son terrain de mission privilégié, c'était le monde des jeunes, rappelle le P. Jacques Purpan, vicaire général de la Mission de France. Il avait la préoccupation de leur annoncer l'Évangile, non en les manipulant mais en étant à leur écoute. »

La rencontre de Jean Debruynne avec le monde de la police est plus inattendue. Elle intervient en pleine guerre d'Algérie, pendant la période noire des ratonnades organisées à Paris. Interpellé par un inspecteur de police qui lui demande de l'aider à réfléchir, il le prend au mot. C'est ainsi qu'est né Police et humanisme.

« Il disait "nous autres policiers", il s'identifiait à nous. Il nous a accompagnés pendant quarante ans… », se souvient Hervé Deydier, président du mouvement, qui reste marqué par sa jovialité, sa disponibilité et son ouverture d'esprit. Jean Debruynne servira aussi d'autres mouvements, comme Partage et rencontre, le Secours catholique, le Mouvement des chrétiens retraités…

"Toujours attentif à celui qui était exclu"

Sa rencontre avec ces derniers remonte à 1984, quand Yves Beccaria, alors directeur de Bayard Presse, lui demande de devenir rédacteur en chef de Vermeil. Il vient alors d'être licencié de la Caisse des dépôts qui l'avait embauché pour mener des enquêtes sociologiques sur la vie dans les « grands ensembles ». Il accepte.

Au fil de ses déplacements et de ses engagements, Jean Debruynne a ainsi vécu la mutation de l'Église. « Il aimait son Église, même si, avec sa manière polie de poète, il n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait. Il était l'homme du plein vent, toujours attentif à celui qui était exclu », résume le P. Purpan, marqué par la grande bonté qui émanait de ses écrits…

Ses écrits ? Ils étaient pour Jean Debruynne un appel « à vivre » et « à croire », surtout quand tout devenait trop dur. « Le jour où je ne pourrai plus écrire, ce sera vraiment la mort, confiait-il d'ailleurs. Jusqu'au bout de notre vie, nous devons devenir des créateurs. »

POUR MAEVA et Carole

LA PAIX

La paix aurait pu être une fleur sauvage
de ces fleurs des champs
que nul ne sème ni ne moissonne.
La paix aurait pu être
une de ces fleurs des prés
que l'on trouve toute faite un beau matin
au bord du chemin, au pied d'un arbre
ou au détour d'un ruisseau.
Il aurait suffit de ramasser la paix
comme on ramasse les champignons
ou comme on cueille la bruyère
ou la grande marguerite.
Au contraire
la paix est un travail
c'est une tâche.
Il faut faire la paix
comme on fait le blé.
Il faut faire la paix
comme il faut des années
pour faire une rose
et des siècles pour faire une vigne.
La paix n'existe pas à l'état sauvage :
il n'y a de paix qu'à visage humain.

source internet

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mary

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyLun 21 Mai 2012 - 22:31

Mon poème c'est 'Voyelles' d'Arthur Rimbaud. Il est lié à une soirée de rigolades mémorables avec mes enfants.



A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

A. Rimbaud

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merlevenezien

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyMar 22 Mai 2012 - 22:28

ça y est Mary, tu es dans le listing et je t'ai envoyé un MP

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyMer 23 Mai 2012 - 22:44

Voici un petit recueil de poemes pour aider les copains du jardin des poetes pour mettre à l'arrière des ardoises et pour le plaisir pour les autres

Nature

Automne

Automne Emile Verhaeren
Automne René Guy Cadou
Chanson d'automne Paul Verlaine
Feuilles d'automne Jean Moréas
Jours pluvieux d'automne Michel Béau
L'automne Jean Manbrino
L'automne Lucie Delarue Mardrus
L'automne Samivel
Le vent d'automne Pierre Ménanteau
Les derniers beaux jours Théophile Gautier
Septembre Jean Luc Moreau
Soir d'automne Jean Richepin

Hiver

Bonjour monsieur hiver Patrick Bousquet
Chanson pour les enfants Jacques Prévert
Il a neigé Maurice Carême
La neige tombe Jean Richepin
Le bonhomme de neige Jason Emond
L'hiver Gilles Vigneault
Le ski Pierre Gamarra
Mon hiver Veronik Leray
Trois petits pantins Jean Luc Moreau

La mer

La mer s'est retirée Jacques Charpentreau
Marine Paul Verlaine
Odeur marine Roger Dévigne

Les éléments

Arc en ciel Casadesus
La grêle Auguste Angelier
La nouvelle année Louisa Paulain
La pluie Casadesus
Le brouillard Maurice Carême
Le ciel Paul Verlaine
Le soleil dit bonjour Claude Roy
Le soleil va se coucher Maurice Carême
Pluie Sully Pruhomme

Paysages

D'un vanneur de blé Joachim de Bellay
La clé des champs Jacques Charpentreau
Le chaland Emile Verhaeren
Le plat pays Jacques Brel
Les couleurs du temps Guy Béart
Montagne Pierre Ménanteau

Printemps

Au printemps Théophile Gautier
Avril Rémy de Gourmont
Joie du printemps Lucie Delarue Mardrus
Le muguet Maurice Carême
Mars Maurice Carême
Premier sourire du printemps Théophile Gautier
Printemps Victor Hugo
Renouveau Pierre Ménanteau

j'espère que ça vous aidera.

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jocelyne13

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyJeu 24 Mai 2012 - 11:35

Dans paysage tu peu mettre celle là aussi


La Montagne: de Jean Ferrat
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?
Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés
Depuis longtemps ils en rêvaient
De la ville et de ses secrets
Du formica et du ciné
Les vieux ça n'était pas original
Quand ils s'essuyaient machinal
D'un revers de manche les lèvres
Mais ils savaient tous à propos
Tuer la caille ou le perdreau
Et manger la tomme de chèvre

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline
Qu'importent les jours les années
Ils avaient tous l'âme bien née
Noueuse comme un pied de vigne
Les vignes elles courent dans la forêt
Le vin ne sera plus tiré
C'était une horrible piquette
Mais il faisait des centenaires
A ne plus que savoir en faire
S'il ne vous tournait pas la tête

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

Deux chèvres et puis quelques moutons
Une année bonne et l'autre non
Et sans vacances et sans sorties
Les filles veulent aller au bal
Il n'y a rien de plus normal
Que de vouloir vivre sa vie
Leur vie ils seront flics ou fonctionnaires
De quoi attendre sans s'en faire
Que l'heure de la retraite sonne
Il faut savoir ce que l'on aime
Et rentrer dans son H.L.M.
Manger du poulet aux hormones

Pourtant que la montagne est belle
Comment peut-on s'imaginer
En voyant un vol d'hirondelles
Que l'automne vient d'arriver ?

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mary

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyJeu 24 Mai 2012 - 20:32

Pour la seconde plante, tu pourras mettre un poème de Jean-Luc Moreau, chanson d'hiver. C'est pour la neige qui n'en finit plus de tomber en hiver, ici.
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merlevenezien

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 21:42

merci jocelyne, veux tu que le garde pour toi?

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Elsa



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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 21:48

Merle, pour moi Jacques Brel ce n'est pas "la plat pays" mais "une île"
(ça fait plus rêver quand même hihi )
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 22:12

ben oui Elsa, c'est ce que j'ai mis sur ton ardoise et sur le post : page 2

j'ai fait une erreur qque part?

bisou1

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Elsa



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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 22:29

merlevenezien a écrit:
Voici un petit recueil de poemes pour aider les copains du jardin des poetes pour mettre à l'arrière des ardoises et pour le plaisir pour les autres

Paysages

D'un vanneur de blé Joachim de Bellay
La clé des champs Jacques Charpentreau
Le chaland Emile Verhaeren
Le plat pays Jacques Brel
Les couleurs du temps Guy Béart
Montagne Pierre Ménanteau


C'est là Merle ! (à moins que quelqu'un ait choisi aussi Jacques Brel ?)
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 22:55

ah ok, mais toi tu as choisis ce joli "île" moi j'ai essayé de mettre justement autre chose pour être sûr que chacun à le sien.
c'est pour ça mais j'ai peut être fait des gourances, il faut m'excuser mais le tien : île, reste unique pour le post.

bisou1
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 23:03

Arthur Rimbaud

Jean Nicolas Arthur Rimbaud est un poètefrançais, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille.

Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Lui, pour qui le poète doit être « voyant » et qui proclame qu'il faut « être absolument moderne », renonce subitement à l’écriture à l'âge de vingt ans.

Ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à choisir une vie aventureuse, dont les pérégrinations l’amènent jusqu’au Yémen et en Éthiopie, où il devient négociant, voire explorateur. De cette seconde vie, ses écritures consistent en près de cent quatre-vingts lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques1.

Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud une des figures considérables de la littérature française.

BiographieArthur Rimbaud, premier communiant, à 11 ans.
Jeunesse

Son père, Frédéric Rimbaud, capitaine d'infanterie, est né à Dole, le 7 octobre 1814. Sa mère, Marie Catherine Vitalie Cuif, paysanne, est née à Roche, le 10 mars 1825. Ils se sont mariés le 8 février 1853 et habitent un appartement au 12 rue Napoléon2. Le couple n’est réuni qu’au gré de rares permissions, le temps d’avoir cinq enfants cependant : Jean Nicolas Frédéric, le 2 novembre 1853, Jean Nicolas Arthur, le 20 octobre 1854, Victorine Pauline Vitalie, le 4 juin 1857 (elle mourra le mois suivant), Jeanne Rosalie Vitalie, le 15 juin 1858 et Frédérique Marie Isabelle, le 1er juin 1860. Après la naissance de cette dernière, le couple vivra séparé car, désormais, le capitaine Rimbaud ne reviendra plus à Charleville3.

Se déclarant veuve, la mère déménage avec ses enfants en 1861 pour habiter au 73 rue Bourbon, dans un quartier ouvrier de Charleville. En octobre, le jeune Arthur entame sa scolarité à l'institution Rossat où il récolte les premiers prix.

Figure rigide et soucieuse de respectabilité, vigilante sur l’éducation de ses enfants, Vitalie Rimbaud rend le climat familial étouffant.

Fin 1862, la famille déménage à nouveau pour un quartier bourgeois au 13 cours d’Orléans4.

En 1865, Arthur entre au collège municipal de Charleville, où il se montre excellent élève ; collectionnant les prix d'excellence en littérature, version, thème… Il rédige en latin avec aisance, des poèmes, des élégies, des dialogues. Mais, comme cet extrait de son poème Les Poètes de sept ans5 le laisse imaginer, il bout intérieurement :


Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits,
Semblaient prouver en lui d'âpres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.

En juillet 1869, il participe aux épreuves du Concours académique6 de composition latine sur le thème « Jugurtha », qu'il remporte facilement. Le principal du collège Jules Desdouets aurait dit de lui : « Rien d'ordinaire ne germe dans cette tête, ce sera le génie du Mal ou celui du Bien. »7. En obtenant tous les prix dès l’âge de quinze ans, il s'affranchit des humiliations de la petite enfance.

Pendant ces années il a comme ami Ernest Delahaye, avec qui il échange de nombreuses lettres8.

Vers la poésie
uscrit des Assis
En 1870, alors en classe de rhétorique, le collégien se lie d'amitié avec Georges Izambard, le professeur de rhétorique, son aîné de six ans. Ce dernier lui prête des livres, tel les Misérables de Victor Hugo qui font bondir sa mère — qu'il surnomme « la Mother », « La bouche d’ombre » ou encore, « La Daromphe ».

De cette époque, subsistent les premiers vers : Les Étrennes des orphelins, parus dans La Revue pour tous en janvier 1870.

L’orientation poétique est alors celle du Parnasse avec la revue collective, Le Parnasse contemporain. Le 24 mai 1870, Arthur, alors âgé de quinze ans et demi, écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville, pour transmettre ses volontés : « devenir Parnassien ou rien » et se faire publier. Pour cela, il joint trois poèmes : Ophélie, Sensation et Credo in unam. Banville lui répond, mais les poèmes en question ne paraîtront pas dans la revue.

Il songe alors à se rendre dans la capitale pour goûter à l'esprit révolutionnaire du peuple parisien.

Premières fugues

Le collégien vient de rafler les prix les plus prestigieux. Au cours des vacances scolaires de 1870, le 29 août, quelques jours avant la bataille de Sedan, Arthur trompe la vigilance de sa mère9 et se sauve avec la ferme intention de se rendre dans la capitale.

Contrôlé à son arrivée gare du Nord, il ne peut présenter qu’un billet de transport irrégulier. Les temps troublés n’invitent pas à la clémence. Tandis que les armées prussiennes se préparent à faire le siège de Paris et va se proclamer la Troisième République, le voilà détenu dans la prison Mazas.

De sa cellule, il écrit à Georges Izambard, à Douai10 pour lui demander de payer sa dette. Le professeur exécute sa demande et lui paie également le voyage pour se rendre à Douai, lui offrant l’hospitalité avant de retourner dans son foyer.

Rimbaud y débarque vers le 8 septembre. Redoutant le retour à Charleville, il y reste trois semaines11.

Pendant ce temps, l'armée prussienne encercle la capitale à partir du 19 septembre.

Jusqu’ici antimilitariste déclaré, Rimbaud est pris d'élans martiaux depuis la capitulation de Sedan. Si bien, qu’il est décidé à suivre son professeur parti s’engager volontairement dans la Garde nationale. N’étant pas majeur, il en sera empêché malgré ses protestations.

Par ailleurs, Rimbaud fait la connaissance du poète Paul Demeny, un vieil ami de son hôte. Celui-ci est co-directeur d’une maison d’édition : La Librairie artistique, où il a fait paraître un recueil de poésies (Les Glaneuses). Rimbaud saisit l’occasion et, dans l’espoir d’être édité, lui dépose une liasse de feuillets où il a recopié quinze de ses poèmes.

Izambard, qui a prévenu Vitalie Rimbaud de la présence de son fils à Douai, en reçoit la réponse : « …chassez-le, qu’il revienne vite12!».

Pour calmer les esprits, il décide de raccompagner son élève jusqu'à Charleville. À leur arrivée, l’accueil est rude : une volée de gifles pour le fils, une volée de reproches, en guise de remerciements, pour le professeur qui, ébahi, « s’enfuit sous l’averse13».

Le 6 octobre, nouvelle fugue. Paris étant en état de siège, il part à Charleroi — il relate cette arrivée dans le sonnet, Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir. Rêvant d’être journaliste, il tente, sans succès, de se faire engager comme rédacteur dans le Journal de Charleroi.

Dans l’espoir de retrouver Izambard, il se rend à Bruxelles puis à Douai où son professeur arrive quelques jours après, aux ordres de Vitalie Rimbaud, pour le faire revenir escorté de gendarmes. Ce fut fait le 1er novembre 1870.

Entre-temps, il s'était rendu chez Paul Demeny pour lui déposer les sept poèmes composés au cours de ce dernier périple (des versions antérieures, seront remises au parnassien, Théodore de Banville et à Izambard).

Le 10 juin1871, Rimbaud écrira à Demeny : « … brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai14 ».

Ceux-ci seront répertoriés par les biographes sous l’appellation de Recueil de Douai ou Recueil Demeny.

Rimbaud parviendra toutefois à publier dans Le Progrès des Ardennes du 25 novembre 1870, un récit satirique, Le Rêve de Bismarck15, sous le pseudonyme de Jean Baudry16. Rimbaud y développe, après Victor Hugo, la symbolique d'une ville de Paris qui est la lumière de la Révolution et qui sera autrement difficile à combattre pour les Prussiens. Rimbaud prédit que Bismarck s'y brûlera le nez.

Paris sous la Commune

La réouverture du collège est retardée d'octobre 1870 à avril 1871.

En février 1871, à l'issue du siège de Paris, Rimbaud fait une nouvelle fugue vers la capitale. La situation politique du pays est tendue et Rimbaud cherche à entrer en contact avec de futurs communards comme Jules Vallès et Eugène Vermersch, mais aussi avec le milieu des poètes ; il rencontre aussi le caricaturiste André Gill.

Rimbaud revient à Charleville avant le début de la Commune. Plusieurs témoignages prétendent qu'il est retourné à Paris à ce moment-là[réf. nécessaire], bien que ceci reste impossible à démontrer dans l'état actuel des recherches. Quoiqu'il en soit, le poète a ressenti très profondément la tragédie de la Commune.

Dans un poème violent, L'orgie parisienne (ou : Paris se repeuple), il dénonce la lâcheté des vainqueurs. Sa poésie se radicalise encore, devient de plus en plus sarcastique : Les Pauvres à l’Église, par exemple. L'écriture se transforme progressivement. Rimbaud en vient à critiquer fortement la poésie des romantiques et des Parnassiens, et dans sa lettre à Izambard du 13 mai 1871, il affirme son rejet de la « poésie subjective ». C'est également dans la lettre dite « du Voyant », adressée le 15 mai à Paul Demeny, qu'il exprime sa différence en exposant sa propre quête de la poésie : il veut se faire « voyant », par un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens ».

Selon Paul Verlaine, Rimbaud a composé son plus beau poème en vers suite à la semaine sanglante : Les Veilleurs17 ; son sujet était la douleur sacrée causée par la chute de la Commune.

Vilains Bonshommes
coin de table, assis à gauche : Paul Verlaine et Arthur Rimbaud (Henri Fantin-Latour, 1872, musée d'Orsay).
Il est difficile de situer le début de la relation épistolaire avec Verlaine. Celui-ci prétend avoir reçu très peu de courriers et ne parle que de l'envoi des Premières communions et des Effarés.

Charles Bretagne met Rimbaud en contact avec son ami Paul Verlaine et un courrier a dû sceller le prochain départ de Rimbaud pour Paris vers le mois d'août.

En août 1871, dans son poème parodique, Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs, Rimbaud exprime une critique ouverte de la poétique de Banville. Finalement Verlaine l'appelle à Paris : « Venez chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ! »

Bien que brillant élève, Arthur Rimbaud ne retournera pas au collège.

Il arrive dans la capitale vers le 15 septembre 1871. Il est présenté et très bien accueilli par ses pairs plus âgés, au dîner des « Vilains Bonshommes » le 30 septembre. Il y rencontre une part essentielle des grands poètes de son temps. Il est successivement logé par Verlaine, rue Nicolet, non sans heurts avec la femme de ce dernier, puis chez Charles Cros, André Gill et même quelques jours chez Théodore de Banville18.

Le 20 octobre de cette année, Rimbaud a tout juste dix-sept ans. Il a atteint sa maturité poétique comme en témoignent plusieurs chefs-d'œuvre comme Les Premières communions et Le Bateau ivre.

En mars 1872, les provocations de Rimbaud excèdent le milieu parisien depuis quelque temps. L'incident Carjat au dîner des Vilains Bonshommes de mars 1872 fut la goutte qui fait déborder le vase. Rimbaud complètement saoul y a blessé le célèbre photographe d'un coup de canne-épée. Pour sauver son couple et rassurer ses amis, Verlaine se condamne à éloigner Rimbaud de Paris.

Rimbaud se fait oublier quelque temps en retournant à Charleville, puis revient dans la capitale dans le courant du premier semestre 1872 pour de nouveau quitter Paris le 7 juillet, cette fois en compagnie de Verlaine. Commence alors avec son aîné une liaison amoureuse et une vie agitée à Londres, puis à Bruxelles.


Rimbaud alité après le « drame de Bruxelles », juillet 1873 (tableau peint par Jef Rosmann, musée Arthur-Rimbaud).
Cette liaison tumultueuse se termine par ce que la chronique littéraire désigne sous le nom de « drame de Bruxelles » : en juillet 1873, les deux amants sont à Londres. Verlaine quitte brusquement Rimbaud, en affirmant vouloir rejoindre sa femme, décidé à se tirer une balle dans la tête si elle n'accepte pas. Il retourne alors à Bruxelles et réside dans un hôtel. Rimbaud le rejoint, persuadé que Verlaine n'aura pas le courage de mettre fin à ses jours. Alors que Rimbaud veut le quitter, Verlaine, ivre, tire sur lui à deux reprises, le blessant légèrement au poignet. Verlaine est incarcéré à Mons.

Rimbaud rejoint la ferme familiale de Roche où il s’isole pour écrire Une saison en enfer. Son parcours littéraire s'achève par l'irruption de « la réalité rugueuse à étreindre ». Aussi va-t-il se taire, parce qu'il a accompli tout ce qui était en son pouvoir, dans le « désert et la nuit » qui l'entourent. Il sait désormais qu'à elle seule, la poésie ne peut changer la vie si elle n'est pas servie par une révolution totale où l'amour, la liberté et la poésie se conjuguent au présent.

Il retourne un temps à Londres en compagnie du poète Germain Nouveau, qui participe à la mise au net des manuscrits des Illuminations.

Venant d’avoir vingt ans en octobre 1874, il ne peut se rendre à temps devant le conseil de révision pour le tirage au sort. Le maire de Charleville s’en charge et n’a pas la main heureuse. De retour le 29 décembre, Rimbaud fait valoir un article de la loi sur le recrutement du 27 juillet 1872, qui le fait bénéficier d’une dispense grâce à son frère Frédéric, déjà engagé pour cinq ans. Il est donc dispensé du service militaire mais pas de la période d’instruction (à laquelle il se dérobera).

Abandon de la poésie
« Car Je est un autre. Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute ». (Extrait de la lettre à Paul Demeny (dite lettre du voyant), 15 mai 1871).
Il ne retournera pas en Angleterre car, après avoir étudié l’allemand depuis le début de l’année 1875, il part pour l'Allemagne le 13 février19, pour se rendre à Stuttgart, afin de parfaire son apprentissage de la langue. Verlaine, libéré depuis le 16 janvier, après dix-huit mois d’incarcération, transformé par des accès mystiques, vient le voir « un chapelet au pince… Trois heures après on avait renié son dieu et fait saigner les quatre-vingt-dix-huit plaies de N.S. Il est resté deux jours et demi...[et]...s’en est retourné à Paris…20 ». Le temps de lui remettre les manuscrits des Illuminations, afin qu'il les remette à Germain Nouveau, pour une éventuelle publication21.

Rimbaud à la mi-décembre 1875, par Ernest Delahaye.
Fin mars, il quitte Stuttgart avec maintenant, l’envie d’apprendre l’italien.

Pour ce faire, il traverse la Suisse en train et, par manque d’argent, franchit le Saint-Gothard à pied. À Milan, une veuve charitable lui offre opportunément l'hospitalité. Il y reste une trentaine de jours puis reprend la route. Victime d’une insolation sur le chemin de Sienne, il est soigné dans un hôpital de Livourne puis est rapatrié le 15 juin, à bord du vapeur Général Paoli. Débarqué à Marseille, il est à nouveau hospitalisé quelque temps.

Après ces aventures « épastrouillantes » [dixit Ernest Delahaye], il annonce à ce dernier son intention d’aller s’engager dans les carlistes, histoire d’aller apprendre l’español [sic]22mais ne la concrétisera pas. Redoutant les remontrances de la Mother, il traîne des pieds en vivant d’expédients dans la cité phocéenne.

Il fera son retour à Charleville mi-août où, entre-temps, sa famille a changé de logement23.

Cette année-là, à l’instar de son ami Delahaye, Rimbaud envisage de passer son baccalauréat ès science avec l’objectif de faire Polytechnique, ce qu’il ne peut réaliser car vingt ans est l’âge limite pour y accéder et, en cet automne 1875, il en a vingt et un.

Nouvelle foucade : il suit des cours de solfège et de piano et obtient le consentement de la mère pour installer l’instrument au logis.

À ce moment, Verlaine qui reçoit des nouvelles de Rimbaud par l’échange d’une correspondance assidue avec Delahaye, est en demande d’anciens vers d’Arthur.

« Des vers de Lui ? Il y a beau temps que sa verve est à plat. Je crois même qu’il ne se souvient plus du tout d’en avoir fait24. »

Le 18 décembre, sa sœur Vitalie meurt à dix-sept ans et demi d’une synovite tuberculeuse. Le jour des obsèques, les assistants regardent avec étonnement le crâne rasé du fils cadet.

Vers l’Orient

Après avoir mûri quelques solutions pour découvrir d’autres pays à moindre frais, il reprend la route en mars 1876, pour se rendre en Autriche. Le périple envisagé tourne court : à Vienne, dépouillé par un cocher puis arrêté pour vagabondage, il est expulsé du pays et se voit contraint de regagner Charleville.

Aux environs de mai, il repart. Cette fois, en direction de Bruxelles. S’est-il fait racoler par les services d’une armée étrangère ? Toujours est-il qu’il se présente, au bureau de recrutement de l’armée coloniale néerlandaise, pour servir dans les colonies indiennes.

Muni d’un billet de train, il aboutit – après un contrôle à la garnison de Rotterdam – dans la caserne d’Harderwijk, le 18 mai, où il signe un engagement pour six ans.

Le 10 juin, Rimbaud et les autres mercenaires, équipés, formés, riches de leur prime (300 florins au départ du bateau, trois cents florins à l'arrivée à destination 25) et chargés de réprimer une révolte dans l’île de Sumatra, sont transportés à Den Helder, pour embarquer à bord du Prins van Oranje, direction Java. Après une première escale à Southampton et le contournement de Gibraltar, le voyage connaît quelques désertions lors d’escales ou passages près des côtes : Naples, Port-Saïd, traversée du canal de Suez, Suez, Aden et Padang26. Le 23 juillet, le vapeur accoste à Batavia. Une semaine après, les engagés reprennent la mer jusqu’à Semarang pour être acheminés en train puis à pied jusqu’à la caserne de Salatiga.

En possession de la seconde partie de sa prime, goûtant peu la discipline militaire, Rimbaud déserte. Quelques semaines lui sont nécessaires pour se cacher et retourner à Semarang où il se fait enrôler sur le Wandering Chief, un voilier écossais qui appareille le 30 août pour Queenstown, en Irlande.
Au bout d’un mois de mer, le navire essuie une tempête en passant le cap de Bonne-Espérance. La mâture détériorée, il continue néanmoins sa route sur Sainte-Hélène, l’île de l’Ascension, les Açores… Arrivé à bon port le 6 décembre, « Rimbald le marin », comme le surnommera Germain Nouveau, quand il le rencontrera à Paris, poursuit par les étapes suivantes : Cork, Liverpool, Le Havre, Paris et toujours pour finir... à Charlestown27.

L’Homme aux semelles de vent

La belle saison revenue, Arthur Rimbaud quitte à nouveau Charleville en 1877. Son entourage et ses amis peinent à suivre son itinéraire durant cette année. Les seules sources de renseignements, souvent contradictoires, viennent de son ami Ernest Delahaye et de sa sœur Isabelle.

Seule certitude : sa présence à Brême où il a rédigé une lettre en anglais le 14 mai, au consul des États-Unis d’Amérique. Lettre signée John Arthur Rimbaud, et dans laquelle il demande « à quelles conditions il pourrait conclure un engagement immédiat dans la Marine américaine », en faisant valoir sa connaissance des langues anglaise, allemande, italienne et espagnole28.

Il ne reçut apparemment pas de réponse favorable car, selon Delahaye, il se serait rendu à Cologne puis à Hambourg, pour divers projets inaboutis29.

Le 16 juin, ce dernier écrit à Verlaine : « Du voyageur toqué pas de nouvelles. Sans doute envolé bien loin, bien loin… » Le 9 août, le même épistolier informe son ami Ernest Millot « qu’il a été signalé dernièrement à Stockholm, puis à Copenhague, et pas de nouvelles depuis.

Dix-neuf ans plus tard, Delahaye rapportera dans une lettre à Paterne Berrichon, du 21 août1896, qu’à Hambourg, Arthur s’engagea « dans la troupe du cirque Loisset, comme interprète, il passa ainsi à Copenhague, puis à Stockholm d’où rapatrié par consul français30».

Pour sa part, Isabelle Rimbaud, réfutera l’épisode du cirque mais citera un emploi dans une scierie en Suède dans une lettre du 30 décembre 189631 à Paterne Berrichon, qu'elle épousera ensuite. Isabelle révèlera également que son frère « visita les côtes du Danemark, de la Suède et de la Norvège, puis revint par mer jusqu’à Bordeaux, sans passer le moins du monde par Hambourg32 ».

Après une halte à Charleville, Rimbaud se rend à Marseille en septembre où il embarque pour Alexandrie en Égypte. Pris de douleurs gastriques, peu après le début de la traversée, il est débarqué à Civita-Vecchia, en Italie. Retour à Marseille et direction les Ardennes pour y passer l’hiver.

Vers cette période, Vitalie Rimbaud habite à Saint-Laurent, dans une propriété héritée de sa famille (les Cuif).

Si l’on fait abstraction d’hypothétiques témoignages (voyage à Hambourg et périple en Suisse pour Berrichon33, « vu dans le quartier latin, vers Pâques » par un ami d’Ernest Delahaye34…), Les neuf premiers mois de l’année 1878 ne sont pas plus riches de renseignements fiables que ceux de l’année précédente.

En avril, les fermiers de Roche ne désirant pas renouveler leur bail, Vitalie Rimbaud s’installe définitivement dans la ferme pour la diriger.

Fin juillet, Ernest Delahaye écrit : « L'homme aux semelles de vent est décidément lavé. Rien de rien35. »

Pourtant, Arthur revient et participe aux moissons auprès de son frère Frédéric, de retour de ses cinq années d’armée.

Le 20 octobre, jour de ses vingt-quatre ans, Rimbaud reprend la route ; passe les Vosges, franchit le Saint-Gothard sous la neige, traverse l’Italie jusqu’à Gênes.

Le dimanche 17 novembre, dans un dernier élan littéraire, il décrit les péripéties de son périple dans une longue lettre à sa famille. Le même jour, son père meurt à Dijon.

Le 19 novembre, Rimbaud s'embarque pour Alexandrie. Arrivé vers le 30 novembre, il se met à chercher du travail. Un ingénieur français, lui propose de l'employer sur un chantier situé sur l’île anglaise de Chypre. Pour conclure l'affaire, il demande un indispensable certificat de travail à sa mère (lettre écrite d’Alexandrie, en décembre 1878).

Le 16 décembre, le voilà chef de chantier à 30 kilomètres à l’est du port de Larnaca, dans l'entreprise Ernest Jean & Thial fils. Chargé de diriger l’exploitation d’une carrière de pierres, il tient les comptes et s’occupe de la paie des ouvriers (lettre à sa famille du 15 février 1879).

En 1879, atteint de fièvres (paludisme ?), il quitte Chypre muni d’une attestation de travail, datée du 28 mai36. En convalescence à Roche, il se rétablit suffisamment pour apporter son aide aux moissons d’été.

Après une ultime visite de son ami Delahaye en septembre, Arthur n’attend pas la saison froide et part avec l’intention de retourner à Alexandrie.

Repris par un accès de fortes fièvres à Marseille, il se résout à passer l’hiver dans sa famille – hiver qui se révélera particulièrement rigoureux.

Sa santé recouvrée en mars 1880, le voilà de nouveau à Alexandrie. Ne trouvant pas d’emploi, il débarque à Chypre. Ses anciens employeurs ayant fait faillite, il réussit à décrocher un travail de surveillant dans un chantier de construction. Il s'agit de la future résidence d'été du gouverneur anglais, que l'on bâtit au sommet des monts Troodos37(lettre aux siens, du 23 mai 1880).

À la fin du mois de juin, Arthur Rimbaud quitte l’île « après des disputes […] avec le payeur général et [son] ingénieur. » (lettre aux siens du 17 août 1880). Rendu dans le port d'Alexandrie, Rimbaud n'envisage plus de retour en France.

Entre la Corne de l'Afrique et l'Arabie
« L'air marin brûlera mes poumons, les climats perdus me tanneront. » Une saison en Enfer.
Aden





L’explorateur Édouard-Henri Lucereau (debout à gauche) et, sous toutes réserves, Arthur Rimbaud (2e en partant de la droite) sur le perron du Grand Hôtel de l’Univers à Aden, en 1880.
Après avoir navigué au long du canal de Suez jusqu’en mer Rouge, en cherchant du travail dans différents ports : Djeddah, Souakim, Massaouah(lettre à sa famille du 17 août 1880)... À Hodeidah, au Yémen, où il tombe à nouveau malade, il rencontre Trébuchet, un représentant d’une agence marseillaise importatrice de café. Constatant qu’il connaît suffisamment la langue arabe, ce dernier lui conseille de se rendre à Aden en le recommandant à P. Dubar, un agent de la maison Mazeran, Viannay, Bardey et Cie.
L’exportation de café connaissait un commerce florissant grâce à quoi le port de transit de Moka avait connu son heure de gloire avant qu’il soit supplanté par Hohdeidah.
Après avoir débarqué à Steamer Point, le port franc anglais d’Aden, Arthur Rimbaud entre en contact avec Dubar, adjoint d’Alfred Bardey (parti explorer le continent africain pour implanter une succursale). Après quelques jours d’essai, Rimbaud est embauché le 15 août1880 comme surveillant du tri de café.

« Aden est un roc affreux, sans un seul brin d’herbe ni une goutte d’eau bonne : on boit de l’eau distillée. La chaleur y est excessive. » (lettre à sa famille du 25 août 1880).

Ayant le sentiment de se faire exploiter, Rimbaud compte partir à Zanzibar ou sur les côtes d’Abyssinie après avoir gagné suffisamment d’argent (lettre à sa famille du 22 septembre 1880). Revenu en octobre, Bardey lui propose de seconder Pinchard, l’agent du comptoir qu’il vient d’établir au Harar, une région d’Éthiopie colonisée par les Égyptiens. Un contrat de trois ans est signé le 10 novembre.

Accompagné du Grec Constantin Rhigas, un employé de Bardey, la traversée du Golfe d’Aden se fait les jours suivants.

Premier séjour au Harar

En terres africaines, Rimbaud et son acolyte forment une caravane pour transporter des marchandises pour le Harar. Ils doivent parcourir trois cent cinquante kilomètres : traverser le territoire des Issas– réputés belliqueux – puis entrer dans celui des Gallas où les attaques ne seront plus à craindre.

Les portes de la cité fortifiée de Harar sont franchies en décembre « après vingt jours de cheval à travers le désert somali » (lettre à sa famille du 13 décembre 1880), ils sont accueillis dans l’agence Bardey par l’agent Pinchard et un autre employé Grec, Constantin Sotiro.

La tenue des comptes et la paie des démarcheurs lui sont impartis. Le 15 février 1881 il relate aux siens en quoi consiste le commerce : « [des] peaux […], du café, de l’ivoire, de l’or, des parfums, encens, musc, etc. », leur fait part de ses déceptions : « je n’ai pas trouvé ce que je présumais […] Je compte trouver mieux un peu plus loin ». Se plaint aussi d’une maladie qu’il aurait « pincée ».

En mars, Pinchard, atteint de paludisme, s’en va. Rimbaud assure l’intérim du comptoir jusqu’à l’arrivée d’Alfred Bardey. Bardey arrive avec l’idée d’ouvrir un magasin de produits manufacturés. Ainsi, les indigènes venant vendre leur récolte de café dépensent leur argent en achetant toutes sortes d’ustensiles.

Arthur Rimbaud ayant toujours des velléités de fuites (Zanzibar, Panamá38, son patron l’envoie faire des expéditions commerciales à partir du mois de mai. Ces campagnes dans des régions jamais explorées par les Européens, pour des trocs de cotonnades et bibelots contre peaux ou autres s’avèrent risquées et peu rentables.
Revenu épuisé à chaque fois, Rimbaud est à nouveau frappé de fièvre tout l’été.

Le 22 septembre, déçu de n’avoir pas été promu directeur de l’agence, il annonce à sa famille qu’il a « donné [sa] démission, il y a une vingtaine de jours ». Cependant, son contrat s’achève dans deux ans...

Suite aux missives qu’il reçoit de Roche, concernant sa période militaire qui n’est pas réglée et pour pallier d’éventuelles difficultés qu’il rencontrerait pour se rendre dans d’autres pays, il fait valoir sa situation auprès du consul de France à Aden.

De son côté, Alfred Bardey part pour le siège Lyonnais de la société aux environs du début octobre. Le frère de celui-ci devant venir le remplacer, Rimbaud gère à nouveau le comptoir en l’attendant.

Pierre Bardey arrivé, Rimbaud quitte Harar en décembre.

Après le retour d’Arthur Rimbaud à la factorerie d’Aden, c’est au tour d’Alfred Bardey de revenir en février 1882 suite au départ de P. Dubar pour la France (Lyon). Rimbaud en vient donc à seconder son patron durant toute l'année. En septembre il commande tout le matériel nécessaire pour faire des photographies car il compte partir pour le Choa, en Abyssinie afin de réaliser un ouvrage sur cette contrée inconnue avec cartes, gravures et photographies et le soumettre à la Société de géographie de Paris dont Alfred Bardey est membre. Ce projet ne verra pas le jour car, à défaut de Choa, un retour au Harar est prévu pour janvier 1883 ; il l’annonce à sa famille le 3 novembre.

Le début de l’année 1883, est marqué par une rixe entre Rimbaud et un magasinier indigène qui lui manque de respect. Ce dernier porte alors plainte pour coups et blessures.

Rimbaud évite la condamnation grâce à l’intervention du vice-consul, à qui il avait aussitôt écrit pour résumer les faits et solliciter sa protection (lettre à Monsieur de Gaspary, vice-consul de France à Aden, du 28 janvier 1883). De plus, son patron se porte garant de son comportement à venir. Son contrat — finissant en novembre — est renouvelé jusqu’à fin décembre 1885 et son prochain départ pour Zeilah, est fixé pour le 22 mars (lettre à sa famille du 20 mars 1883).

Deuxième séjour au Harar
Autoportrait en pied de Rimbaud au Harar, « dans un jardin de bananes », en 1883.
Arrivé à Harar en avril, Rimbaud remplace Pierre Bardey, destiné à succéder à son frère à Aden.

Dans une lettre écrite le 6 mai à sa famille, il formule quelques réflexions sur sa vie actuelle, son avenir. Il songe à se marier, à avoir un fils39. Il joint aussi ses premiers travaux photographiques : trois portraits en pied de lui-même.

Secondé par Constantin Sotiro, Rimbaud prend l’initiative de l’envoyer explorer l’Ogadine dont il transcrira les notes à son retour (en août) pour en rédiger un texte descriptif que Bardey expédiera à la Société de géographie de Paris.

Intitulé Rapport sur l’Ogadine, par M. Arthur Rimbaud, agent de MM. Mazeran, Viannay et Bardey, à Harar (Afrique orientale), ce mémoire, dans lequel les mérites de Sotiro sont quelque peu occultés, sera publié par la Société de géographie en février 1884 et sera apprécié par les géographes français et étrangers40.

À Paris, Verlaine publie une étude accompagnée de poèmes sur le poète Rimbaud, dans la revue Lutèce du 5 octobre au 17 novembre. Cette étude paraîtra l’année suivante dans l’ouvrage Les Poètes maudits.

Au Harar, plusieurs caravanes de marchandises sont organisées jusqu’au moment où les répercussions de la guerre des Mahdistes, contre les occupants Égyptiens et les Anglais obligent la société à abandonner le comptoir de Harar.

L’évacuation de la cité est organisée par le gouverneur d’Aden, le major Frederick Mercer Hunter, arrivé en mars, à la tête d’une colonne d’une quinzaine de soldats. L’officier britannique, insatisfait de l’hébergement offert par le pacha d’Égypte, provoque un scandale en préférant loger dans la maison de Rimbaud41.

Le retour pour Aden se fait en compagnie de Djami Wadaï, son jeune domestique abyssin, et de Constantin Sotiro42.

La société Mazeran, Viannay, Bardey et Cie tombée en faillite, Rimbaud est licencié et se retrouve sans travail. Cependant, « selon les termes de [son] contrat, [il a] reçu une indemnité de trois mois d’appointements, jusqu’à fin juillet. » et espère la réussite de Bardey, parti en France « pour rechercher de nouveaux fonds pour continuer les affaires » (lettre aux siens du 5 mai 1884). Pendant cette période de désœuvrement, il vit avec une Abyssine chrétienne, prénommée Mariam43.

Le 1er juillet, il est engagé jusqu’au 31 décembre 1884 dans la nouvelle société créée par les frères Bardey, « aux mêmes conditions »44. Les mois passent et les affaires ne sont pas brillantes — ruinées par la politique menée par les Anglais. Arthur Rimbaud va avoir vingt-neuf ans et sent qu’il se fait « très vieux, très vite, dans ces métiers idiots » (lettre aux siens du 10 septembre 1884), aussi cherche t-il une occasion pour changer d’emploi.

Faute de mieux, le 10 janvier 1885, il se rengage pour un an avec la maison Bardey45. Malgré la poursuite de l’offensive anglo-égyptienne au Soudan, Rimbaud continue donc à s’occuper des achats et des expéditions du moka. Sans aucun jour de congé, il supporte à nouveau la chaleur étouffante de l’endroit et souffre de fièvre gastrique.

Trafic d’armes au Choa

En septembre 1885, Arthur Rimbaud se voit proposer un marché par le français Pierre Labatut, un trafiquant établi au Choa, royaume abyssin de Ménélik II. Voyant là l’opportunité de faire fortune, et de changer le cours de sa vie tout en ayant un rôle géo-politique à jouer, il n’hésite pas à s’associer avec lui pour acheter des armes (plutôt dépassées) et des munitions en Europe. Ainsi ils comptent réaliser de substantiels bénéfices en satisfaisant une commande du monarque, (qu'ils auront de cette façon contribué à établir comme unificateur de la région). Après avoir conclu cet accord, Arthur rompt brutalement le contrat qui le lie avec la Maison Bardey46. Quant à Mariam, elle est renvoyée dans son pays avec quelques Thalers en poche.


Abyssinie : les itinéraires de Tadjourah à Ankober et d’Ankober à Harar sont visibles dans la partie inférieure droite (cartographie anglaise de 1891).
Fin novembre, Rimbaud débarque dans le petit port de Tadjourah, en terre Dankalie, pour monter une caravane en attendant que les armes soient réceptionnées à Aden par Labatut. Lorsque ce dernier arrive fin janvier 1886 avec le chargement (deux mille quarante fusils et soixante mille cartouches), l’organisation de la caravane rencontre des difficultés. D’abord entravés par les exigences financières du sultan qui tire profit de tous convois en partance, les voilà empêchés d’entamer leur expédition à la mi-avril : l’interdiction d’importer des armes vient d’être signée entre Anglais et Français. Les deux associés écrivent alors au ministre des Affaires étrangères le 15 avril pour se sortir de cette impasse47. Ils obtiennent gain de cause mais tout est remis en question quand Labatut, atteint d’un cancer, est obligé de rentrer en France (il mourra en octobre suivant)48.

Muni d’une procuration de Pierre Labatut, Rimbaud se tourne vers Paul Soleillet, célèbre commerçant et explorateur, qui lui aussi attend une autorisation pour faire partir sa caravane. En associant leurs convois, ils s'assurent d'une meilleure sécurité pour la traversée du territoire des redoutables guerriers Danakils. Hélas, ils ne partiront pas ensemble : frappé d’une embolie, Soleillet meurt le 9 septembre.

Se retrouvant seul, Rimbaud part en octobre, à la tête de sa caravane composée d’une cinquantaine de chameaux et d’une trentaine d’hommes armés. La route pour le Choa est très longue : deux mois de marche jusqu'à Ankober. »49.
Sur ces entrefaites, en France, Illuminations et Une saison en Enfer sont parus dans les numéros de mai à juin et de septembre de la revue symboliste La Vogue.
Après avoir traversé, les terres arides des tribus danakils sous une chaleur implacable, le convoi franchit la frontière du Choa sans avoir été attaqué par les pillards. Et c’est dans un environnement verdoyant que la caravane atteint Ankober le 6 février 1887. Rimbaud y trouve l’explorateur Jules Borelli. Ménélik est absent ; parti combattre l’émir Abdullaï pour s’emparer d’Harar. Rimbaud aussitôt arrivé, les chameliers, un créancier de Labatut et la veuve abyssinienne de ce dernier, viennent lui réclamer avec insistance ce qui leur est soi-disant dû. Agacé par leur rapacité, il refuse de céder à leurs demandes. Ils s’en plaignent auprès de l’intendant du roi qui abonde en leur sens et le condamne à verser les sommes demandées.

Au lieu d’Ankober, Ménélik va revenir en vainqueur à Entoto. Rimbaud se rend là bas avec Borelli. Sur place, en attendant l’arrivée du roi, Rimbaud entre en contact avec son conseiller, un ingénieur Suisse nommé Alfred Ilg avec qui il entretient de bons rapports.
Suivi de sa colonne armée, Menelik arrive triomphalement le 5 mars. Il n’a plus vraiment besoin d’armes ni de munitions, car il en ramène en grande quantité. Il accepte néanmoins de négocier le stock à un prix très inférieur à celui escompté. De surcroît, il ne se prive pas d’exploiter la disparition de Labatut à qui il avait passé commande, pour retrancher du prix la somme de quelques dettes supposées. Suivant cet exemple, « toute une horde de créanciers » (réels ou opportunistes) de Labatut, viennent le harceler pour être remboursés à leur tour 50. Menelik n’ayant pas d’argent pour le payer, Rimbaud est contraint d’accepter un bon de paiement devant lui être réglé à Harar par le ras Makonnen, cousin du roi.

Pour qu’il aille au plus court pour toucher son argent, Menelik lui donne l’autorisation de prendre la route qu’il a ouverte à travers le pays des Itous. Cette route étant inexplorée, Borelli demande au roi la permission de l’emprunter. Rimbaud quitte donc Entoto le 1er mai, en compagnie de Borelli. L’itinéraire traverse des régions inexplorées. Leurs observations et descriptions sont scrupuleusement relevées et consignées à chaque étape. Jules Borelli les retranscrira dans son journal de voyage51. Rimbaud, pour sa part, transmettra ses notes à Alfred Bardey qui les communiquera à la Société de Géographie (lettre à Bardey du 26 août 1887).

Au bout de trois semaines la caravane arrive à Harar. Borelli retourne à Entoto quinze jours après. Rimbaud lui, doit attendre pour se faire payer mais le ras n’a pas d’argent et transforme son bon de paiement par deux traites payables à Massaouah. Après avoir repris la route en direction de Zeilah, Rimbaud regagne Aden le 25 juillet. Il fait un compte-rendu détaillé de la liquidation de sa caravane au vice-consul de France, Émile de Gaspary. Résultat de « cette misérable affaire » : une perte de 60% sur son capital, « sans compter vingt et un mois de fatigues atroces »52.

Avec l’intention de prendre un peu de repos en Égypte, Rimbaud embarque avec son domestique au début du mois d’août pour encaisser ses traites à Massaouah. Arrêté à son arrivée pour défaut de passeport, l’intervention de Gaspary est nécessaire pour lui permettre de poursuivre sa route. Nanti d’un passeport, de l’argent de ses traites et d’une recommandation du consul de France de Massaouah à l'attention d'un avocat du Caire53. Il débarque à Suez pour se rendre en train jusqu’à la capitale où il arrive le 20 août. Dans une lettre aux siens du 23 août il se plaint de rhumatismes dans l’épaule droite, les reins, la cuisse et le genou gauche.

Est-ce l’avocat pour qui il avait une lettre de recommandation qui le met en relation avec son confrère, Borelli Bey (Octave Borelli), ou est-ce Jules Borelli qui lui a donné les coordonnées de son frère aîné, Octave, directeur du journal, Le Bosphore égyptien ? Toujours est-il que Rimbaud lui adresse les notes de son expédition du Choa et qu’elles sont publiées les 25 et 27 août54.

Après avoir placé sa fortune dans une succursale du Crédit lyonnais, il ne sait où aller pour travailler à nouveau : Zanzibar ? Madagascar ? Il sollicite une mission en Afrique à la Société de Géographie à Paris ; sans succès. Il retourne à Aden en début d’octobre.





N° 318 de la série Les Hommes d’aujourd’hui, publié en janvier 1888 (caricature de Luque).
Aden, où les déconvenues de sa livraison d’armes le poursuivent. Il doit encore justifier le paiement d’une dette de Pierre Labatut à un certain A. Deschamps (l’affaire sera soldée le 19 février 1891, après d’interminables échanges de courriers).

En décembre 1887, malgré divers contacts entrepris, Rimbaud est toujours sans travail. Il revoit Alfred Ilg, de passage à Aden avant de se rendre à Zurich (à la suite de quoi ils correspondront fréquemment). Par ailleurs, le stock d’armes de Paul Soleillet, resté à Tadjourah après sa mort, a été racheté par Armand Savouré. Malgré l’embargo sur ce commerce, celui-ci compte les livrer au roi Ménélik. Pour former sa caravane, il propose à Rimbaud de tenter de se procurer des chameaux auprès du ras de Harar. Pour cela, Arthur retourne sur les terres africaines en février 1888 mais, n’ayant pu convaincre Makonnen, il en revient bredouille un mois plus tard55.
Dans le milieu littéraire parisien, le silence et disparition inexpliqués du poète Jean-Arthur Rimbaud entourent son nom de mystère et les interrogations qu'il suscite donnent libre cours à toutes sortes de fables — en 1887 on l'a dit mort, ce qui inspira Paul Verlaine pour écrire Laeti et errabundi56. En janvier 1888, le même publie à nouveau une étude biographique dans un numéro de la revue Les Hommes d’aujourd’hui, consacré au poète disparu.
Dernier séjour au Harrar

La route d’Entoto à Harrar étant maintenant ouverte, la cité harari devient une étape obligée pour commercer avec le royaume du Choa. Rimbaud est déterminé à s’y installer pour se consacrer à un commerce plus orthodoxe (café, gomme, peaux de bêtes, musc (de Civette), cotonnade, ivoire, or, ustensiles manufacturés et fournisseur de chameaux pour caravanes). Il contacte César Tian, un important exportateur de café d’Aden, pour le représenter à Harar, offre sa collaboration à Alfred Bardey à Aden, à Alfred Ilg au Choa et à Constantin Sotiro qui s’est établi à Zeilah. Ces accords conclus, il part édifier son comptoir (départ le 13 avril, arrivée le 3 mai 1888).

Après la satisfaction des débuts, l’humeur devient maussade. Rimbaud s'ennuie. Il l’écrit à sa famille dans une lettre datée du 4 août 1888 : « Je m'ennuie beaucoup, toujours ; […] n’est-ce pas misérable, cette existence sans famille, sans occupation intellectuelle […] ? »

Fin septembre il offre l’hospitalité à l’explorateur Jules Borelli qui, venant du Choa, fait une halte d’une semaine avant de regagner le port de Zeilah. Quelques semaines après, c’est au tour d’Armand Savouré qui a enfin réussi à livrer son stock d’armes au roi Ménélik. Dans leurs témoignages tous deux le décriront comme un être intelligent, sarcastique, peu causant, ne livrant rien sur sa vie antérieure, vivant très simplement, s’occupant de ses affaires avec précision, honnêteté et fermeté57.

Le ras Makonnen quitte la ville en novembre pour rejoindre son cousin le roi qui se prépare à entrer en guerre contre l’empereur Johannès IV. Cette guerre n’aura pas lieu car au mois de mars, l’empereur « eut l’idée d’aller d’abord flanquer une raclée aux mahdistes du côté de Metemma. Il y est resté, que le Diable l’emporte ! » (lettre à ses mère et sœur du 18 mai 1889). Le 3 novembre, Ménélik devient Negusä nägäst d’Éthiopie sous le nom de Ménélik II.

De retour de Zurich, Alfred Ilg, est hébergé du 23 décembre 1888 au 5 février 1889 ; le temps d’attendre la fin des affrontements entre Issas et Gallas pour transporter en toute sécurité ses marchandises et celles de son hôte jusqu’à Entoto.

Les affaires avec le conseiller du roi marcheront en bonne entente jusqu’au bout. Il faut souligner ici que le mythe faisant de Rimbaud un négrier est infondé : « N’allez pas croire que je sois devenu marchand d’esclave » avait-il déjà écrit à sa famille le 3 décembre 1885. Il est seulement vrai qu'il demande à Ilg, dans une lettre datée du 20 décembre 1889, « deux garçons esclaves pour [son] service personnel ».
Si la traite est interdite par Ménélik, elle se fait clandestinement et beaucoup d’Européens possèdent des esclaves comme domestiques sans que cela soit blâmable. Le 23 août 1890, l’ingénieur lui répondra : « pardonnez-moi, je ne puis m’en occuper, je n’en ai jamais acheté et je ne veux pas commencer. Je reconnais absolument vos bon[ne]s intentions, mais même pour moi je ne le ferai jamais. »

À la veille de Noël, une caravane est attaquée par une tribu sur la route de Zeilah à Harar. Deux missionnaires et une grande partie des chameliers sont assassinés. Suite aux représailles qui se soldent par des pertes importantes dans les rangs anglais, les routes commerciales sont coupées jusqu’à la mi-mars 1890. Le manque à gagner que cela occasionne est sujet de conflit avec César Tian. Rimbaud songe alors à se rendre à Aden pour liquider ses affaires avec lui. Ensuite, il se rendrait en France dans l'espoir de se marier.
À Paris, Anatole Baju, rédacteur en chef de la revue Le Décadent et de la série Les Hommes d’Aujourd’hui, divulgue des renseignements reçus sur Arthur Rimbaud : il est vivant et vit a Aden. Le 17 juillet 1890, Laurent de Gavoty, directeur de la revue littéraire marseillaise, La France moderne, lui écrit par le biais du consul de France à Aden pour dire qu’il a lu ses « beaux vers » et qu’il serait « heureux et fier de voir le chef de l’école décadente et symboliste » collaborer pour sa publication58.
En 1891, dans une lettre écrite le 20 février, Arthur demande à sa mère de lui faire parvenir un bas à varices car il en souffre à la jambe droite depuis plusieurs semaines. Il lui signale aussi une « douleur rhumatismale » au genou droit. Il en attribue les causes aux « trop grands efforts à cheval, et aussi par des marches fatigantes. » Un médecin consulté un mois plus tard, lui conseille d’aller se faire soigner en Europe le plus rapidement possible. Bientôt, ne pouvant plus se déplacer, il dirige ses affaires en position allongée. Au vu de l’aggravation rapide de son genou et de l’état de raideur de sa jambe, il liquide à la hâte toutes ses marchandises pour quitter le pays.

Transporté par des porteurs sur une civière – construite selon ses plans –, la caravane prend le départ au matin du 7 avril. Djami, son domestique, est du voyage. Malgré les souffrances, accentuées par l’inconfort, les intempéries et la longueur du déplacement, il note les faits marquants de chaque étape jusqu’à son arrivée au port de Zeïlah, le 18 avril. Débarqué à Steamer Point trois jours après, Rimbaud est hébergé chez César Tian le temps de régler leurs comptes. Hospitalisé aussitôt après, les médecins lui diagnostiquent une synovite rendue à un point si inquiétant qu’une amputation semble inévitable. Cependant, quelques jours de repos lui sont accordés pour en mesurer les éventuels bienfaits. Devant le peu d’amélioration, il lui est conseillé de rentrer en France.

Le 9 mai, on l’embarque sur l’Amazone, un trois-mâts goélette à vapeur des Messageries maritimes, à destination de Marseille59.

Marseille, dernier voyage

Arthur Rimbaud est débarqué à Marseille le 20 mai 1891. « Me trouvant par trop faible à l'arrivée ici, et saisi par le froid, j'ai dû entrer ici à l'hôpital de la Conception […]. Je suis très mal, très mal, je suis réduit à l'état de squelette par cette maladie de ma jambe gauche, qui est devenue à présent énorme60...». Les médecins diagnostiquent un néoplasme de la cuisse. Le 22, on lui annonce qu’il va falloir l’amputer. Il envoie immédiatement un télégramme à sa famille pour que l’une ou l’autre vienne à Marseille régler ses affaires. Sa mère lui répond aussitôt en lui annonçant son arrivée pour le lendemain, 23 mai au soir.





Arthur Rimbaud mourant, dessiné par sa sœur Isabelle.
Après l’opération, Rimbaud reçoit des lettres de sympathie de Constantino Sotiro et César Tian61. Le 8 juin, madame Rimbaud écrit à sa fille pour lui annoncer son nécessaire retour à la ferme de Roche malgré les supplications de son fils pour qu’elle reste auprès de lui.

La cicatrisation faite, il ne subsiste qu’une douleur localisée. Le 24 juin, il s’exerce à se déplacer avec des béquilles. Le 2 juillet il écrit qu’il a commandé une jambe de bois. D’autre part, maintenant qu’il se trouve en France, il s’inquiète inconsidérément sur sa période d’instruction militaire à laquelle il a réussi à se soustraire jusqu’à présent. Craignant de se faire piéger en retournant auprès des siens, il les charge de faire le nécessaire pour éclaircir sa situation. Le 8 juillet, sa sœur l’informe qu’il peut obtenir son congé définitif comme réformé en se présentant devant les autorités militaires de Marseille ou de Mézières.

En juillet, Rimbaud ne peut se servir de sa jambe artificielle car elle enflamme le moignon. En attendant qu’il se renforce, il continue à « béquiller » mais, à la longue, cela lui occasionne de fortes névralgies dans le bras et l’épaule droite ainsi que dans sa jambe valide. Le 23 juillet, suivant le conseil de son médecin, il quitte l’hôpital. Arrivé en gare de Voncq le lendemain, il se fait conduire à la ferme de Roche.

Ni ses anciens amis, ni son frère ne sont avertis de son retour. Au lieu de s’améliorer, son état paraît empirer. Les insomnies et le manque d’appétit le reprennent. Les douleurs occasionnées par les béquilles, la jambe de bois ou les promenades en carriole, le contraignent bientôt à l’inactivité. Le médecin constate une augmentation de volume du moignon et une rigidité du bras droit62.

Ne renonçant pas à retourner au Harar, il prend la résolution de retourner se faire soigner à Marseille, ainsi il serait « à portée de se faire embarquer pour Aden, au premier mieux senti63». Le 23 août, il reprend le train pour Marseille accompagné d’Isabelle. Après le calvaire subi tout au long du voyage, il est admis à l’hospice de la Conception le lendemain soir.

Isabelle, qui loge en ville, se rend tous les jours à son chevet. Un mois plus tard, elle rapporte à sa mère les réponses faites à ses questions par les médecins : « Sa vie est une question de jours, de quelques mois peut-être64».

Le 20 octobre, il a trente-sept ans. Selon la lettre exaltée qu’Isabelle écrit huit jours après à sa mère, son frère aurait retrouvé la foi catholique durant cette épreuve65. Elle lui décrit aussi la progression du cancer : son bras droit enflé, le gauche à moitié paralysé, son corps en proie à de vives douleurs, sa maigreur. Elle raconte ses délires, lors desquels il l’appelle parfois Djami66.

Le 9 novembre, il lui dicte un message sibyllin : « M. le Directeur, […] envoyez-moi donc le prix des services d'Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé donc je désire me trouver de bonne heure à bord dites-moi à quelle heure, je dois être transporté à bord. »

Il meurt le lendemain, mardi 10 novembre — à dix heures du matin selon le registre des décès de l’hôpital, à deux heures de l’après-midi selon sa sœur67.

Son corps est ramené à Charleville. Les obsèques se déroulent dans l’intimité la plus restreinte, le 14 novembre68. Arthur Rimbaud est inhumé dans le caveau familial auprès de son grand-père, Jean Nicolas Cuif et de sa sœur Vitalie. Sa mère, morte à Roche le 1er août 1907, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, les rejoindra. Son frère Frédéric mourra à cinquante-huit ans (des suites d’une fracture d’une jambe), le 2 juillet 1911, à Vouziers ; sa sœur Isabelle se mariera en 1897 avec Paterne Berrichon – tous deux se voudront les gardiens de la mémoire du poète, quitte à censurer et falsifier la vérité. Elle mourra à cinquante-sept ans (d’un cancer), le 20 juin 1917, à Neuilly-sur-Seine.


source internet

pour Mary et ses petits enfants

VOYELLES

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 23:04

je fais une petite pause (boulot) et je mets l'autre
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 23:28

Jean-Luc Moreau (universitaire)


Jean-Luc Moreau (né le 2 octobre 1937 à Tours, Indre-et-Loire) est un écrivain, poète, universitaire et traducteur français contemporain.


Biographie
Licence de russe (1957)
Diplômes des Langues orientales en hongrois, polonais, russe (1957), albanais (1960)
Agrégation de russe (1963)
Assistant de russe à la faculté des lettres de Lille (1963-67)
Professeur de langues finno-ougriennes (hongrois, finnois, estonien) à l'Institut national des langues et civilisations orientales (1967-2007)
Administrateur de la Maison de Poésie - Fondation Émile Blémont (depuis 1987)

Œuvre

Jean-Luc Moreau est l'auteur de plusieurs recueils de poèmes, de récits, d’essais, de traductions, d'anthologies. Il aime tout particulièrement écrire pour les enfants, pour les jeunes. Un grand nombre de ses poèmes ont été mis en musique. Parmi ses livres de poésie « Moscovie », « Sous le masque des mots », « La bride sur le cœur », « Devinettes », « Poèmes de la souris verte »… Parmi ses anthologies « Poèmes de Russie », « Poèmes de Hongrie »… Il a obtenu le prix Ronsard en 1963 (jury présidé par Jean Cocteau), le prix Verlaine de la Maison de Poésie en 1973, le prix Tristan Tzara (SGDL) en 1986, le prix de traduction en 1994 (décerné par le ministère finlandais de l’Éducation à un traducteur étranger), le prix Tristan Derème en 2003. Jean-Luc Moreau est commandeur des Palmes académiques depuis 1992. Il est professeur honoris causa de l'Université de Joensuu en Finlande depuis 1995. Il a été nommé en 2004 membre de l'Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Touraine.

Bibliographie

Poèmes
Moscovie, Nicolas, Niort, 1964
Sous le masque des mots, Quithièges, 1969
L'arbre perché, Éditions ouvrières, Enfance Heureuse, Paris, 1980
La bride sur le coeur, Maison de Poésie, 1990
Devinettes (sur des images de Louis Constantin, collection Fleurs d'encre, Hachette jeunesse, 1991
Poèmes de la souris verte, collection Fleurs d'encre, Hachette jeunesse, 1992, 2003, 2010
Donne ta langue au chat, Hachette Livre/Gautier-Languereau, 2005
Dans ma famille, Hachette Livre/Gautier-Languereau, 2005 ; réédité dans la série Les petits Gautier, 2008
Poèmes pour mon bébé, (librement inspirés de poèmes en finnois de Johanna Venho, illustrés par Anne Peltola), Hatier 2009

Récits
Victor et Séraphine (illustrations de Lise Le Coeur, Renard-Poche, L'École des Loisirs, 1982)
Un fauteuil à dormir debout, et autres histoires (couverture de Serge Bloch), La Farandole, 1988
Mimi et le dragon, illustrations de Domnok, Éditions Milan, collection Zanzibar, 1988
L'extravagante histoire du 24 bis décembre, suivi de Le chat de la mère Michel, illustrations de Benoît Debecker, Hachette, 1995
Quel filou ce renard ! (illustrations de Nicolas Debon), Classiques du Père Castor, Flammarion, 2006. réédité dans Petites histoires du Père Castor. Mes animaux préférés, Père castor, 2009
Les Maléfices de Barbeverte, illustrations de Vincent Balas, Contes multicolores, Hatier 2010

Anthologies
Le pouvoir du chant, Anthologie de la poésie populaire des peuples ouraliens (en collaboration avec Péter Domokos, Corvina, Budapest, 1980).
La Russie et l'Union Soviétique en poésie (collection Folio Junior en Poésie, Gallimard, 1983).
Poèmes de Russie, Éditions ouvrières, Paris, 1985, ISBN 2-7082-26479
Poèmes et chansons de Hongrie, Éditions ouvrières, Enfance Heureuse, Paris, 1988, ISBN 2-7082-25340

Essai
La Liberté racontée aux enfants, Éditions ouvrières, Enfance Heureuse, 1988 ISBN 2-7082-24859

source internet

POUR MARY


Chanson d’hiver


Le soleil est en congé :

Comme il neige ! comme il neige !

Le soleil est en congé

(Joli temps pour voyager !...)

La froidure a délogé

Sous la neige, sous la neige,

La froidure a délogé

Les oiseaux du potager.

Le soleil est en congé :

Comme il neige ! comme il neige !

Le soleil est en congé

(Quelque part à l’étranger ?...)

Quant à moi, flocons légers,

Quand il neige, quand il neige,

Quant à moi, flocons légers,

J’aime à vous voir voltiger.

Le soleil est en congé :

Comme il neige, comme il neige !

Le soleil est en congé

(S’il n’a pas déménagé !...)

Chacun de s’interroger,

Tant il neige, tant il neige,

Chacun de s’interroger :

Jusqu’à quand va-t-il neiger ?

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 26 Mai 2012 - 23:28

et voilà.
bonnes lectures à tous
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Elsa



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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyDim 27 Mai 2012 - 8:23

merlevenezien a écrit:
ah ok, mais toi tu as choisis ce joli "île" moi j'ai essayé de mettre justement autre chose pour être sûr que chacun à le sien.
c'est pour ça mais j'ai peut être fait des gourances, il faut m'excuser mais le tien : île, reste unique pour le post.

bisou1

Aucun souci Merle ! bisou1

Mardi je te mets sous pli les petits plants de Cosmos !
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyDim 27 Mai 2012 - 19:25

merlevenezien a écrit:
merci jocelyne, veux tu que le garde pour toi?


c'est pour celui qui veut ,c'étai pour te donner des idées ,si personne le prend tu pourra me le mettre
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyDim 27 Mai 2012 - 21:24

ok Jocelyne. je te le met de côté sauf si tu en trouves un autre après.

bisou1
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyJeu 14 Juin 2012 - 22:36

de la part de Mauricette.

merci à toi

Si tu étais une fleur, je serais tes pétales,
Si tu étais un soleil, je serais tes rayons,
Si tu étais un oiseau, je serais ton plumage,
Si tu étais un arbre, je serais ton feuillage,
Si tu étais une galaxie, je serais tes étoiles,
Si tu étais un ange, je serais tes ailes


auteur inconnu
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 23 Juin 2012 - 21:46

GEORGES BRASSENS
Georges Brassens, né à Sète dans l'Hérault le 22 octobre 1921 et mort à Saint-Gély-du-Fesc (également dans l'Hérault) le 29 octobre 1981, est un poète et auteur-compositeur-interprète français.

Il mit en musique et interpréta, en s’accompagnant d'une guitare, plus d'une centaine de ses poèmes et ceux d’autres poètes dont Paul Fort. Il enregistra quatorze albums de 1952 à 1976. Il reçut le Grand prix de poésie de l'Académie française en 1967.
Biographie

Georges Brassens est né dans un quartier populaire du port de Cette (le nom de la ville ne sera orthographié Sète qu’en 1928, le chanteur évoquant ce changement d'orthographe dans sa chanson Jeanne Martin). Dans la maison familiale1 il est entouré de sa mère Elvira (+ 1962)2, de son père Jean-Louis (+ 1965), de sa demi-sœur Simone (1912-1994), née du premier mariage de sa mère, et de ses grands-parents paternels, Jules et Marguerite.

Sa mère, dont les parents étaient originaires de Marsico Nuovo dans la région de Basilicate en Italie du Sud, est une catholique d'une grande dévotion. Veuve de guerre, Elvira épousa Jean-Louis Brassens en 1919. Ce dernier, qui sera le père de Georges, entrepreneur de maçonnerie, est un homme paisible, généreux, libre-penseur, anticlérical et doté d'une grande indépendance d'esprit. Deux caractères très différents, qu'une chose réunit : le goût de la chanson. D’ailleurs, tout le monde chante à la maison. Sur le phonographe : les disques de Mireille, Jean Nohain, Tino Rossi ou Ray Ventura et ses Collégiens.

Les années trente : Sète

Selon le souhait de sa mère, Georges commence sa scolarité, à l'âge de 4 ans, dans l’institution catholique des sœurs de Saint-Vincent. Il en sort deux ans après pour entrer à l’école communale, selon le désir de son père. À 12 ans, il entre en sixième au collège3. Georges est loin d’être un élève studieux. Ses amis le décrivent comme plutôt rêveur en classe4. Mais, après l'école, il préfère les jeux, les bagarres, les bains de mer et les vacances. Afin que son carnet de notes soit meilleur, sa mère lui refuse des cours de musique. Il ignorera donc tout du solfège, mais cela ne l’empêchera pas de griffonner des chansonnettes sur ses premiers poèmes.

Alphonse Bonnafé

En 1936, il s'ouvre à la poésie grâce à son professeur de français, Alphonse Bonnafé, alias « le boxeur ». L’adolescent s’enhardit à lui soumettre quelques-uns de ses bouts rimés. Loin de le décourager, l'enseignant lui conseille plus de rigueur et l'intéresse à la technique de versification et à l'approche de la rime. À la poésie et à la chanson populaire s’ajoute sa passion pour les rythmes nouveaux venus d’Amérique qu’il écoute à la TSF : le jazz. En France, Charles Trenet conjugue tout ce qu'il aime. Il sera un modèle.



« On était des brutes, on s'est mis à aimer [les] poètes. […] Et puis, grâce à ce prof, je me suis ouvert à quelque chose de grand. Alors, j’ai voulu devenir poète…5 »

Mauvaise réputation


Brassens en 1964 avec sa célèbre pipe.
Son intérêt croissant pour la poésie ne lui ôte pas le goût pour les « quatre cents coups ». À 16 ans, au printemps 1938, il se trouve mêlé à une fâcheuse aventure. Dans le but de se faire de l'argent de poche, la bande de copains dont il fait partie commet quelques larcins. Par facilité, les proches en sont les principales victimes. Georges, de son côté, subtilise bague et bracelet de sa sœur. Ces cambriolages répétés mettent la ville en émoi. Lorsque la police arrête enfin les coupables, l’affaire fait scandale. Indulgent, Jean-Louis Brassens ne lui adresse aucun reproche quand il va le chercher au poste de police. Pour saluer l’attitude de son père, il en fera une chanson : Les Quatre Bacheliers. « Mais je sais qu'un enfant perdu […] a de la chance quand il a, sans vergogne, un père de ce tonneau-là ». Par égard pour son père, il ne la chantera qu’après sa mort.



« Je crois qu'il m'a donné là une leçon qui m'a aidé à me concevoir moi-même : j'ai alors essayé de conquérir ma propre estime. […] J'ai tenté, avec mes petits moyens, d'égaler mon père. Je dis bien tenté…6 »

Pour sa part, cette mésaventure se solde, en 1939, par une condamnation d'emprisonnement avec sursis7. Il ne retournera pas au collège. Il passe l’été reclus dans la maison (il se laisse pousser la moustache). Le 3 septembre, la guerre contre l'Allemagne est déclarée. Il pourrait devenir maçon auprès de son père, mais, peine perdue, il ne se satisfait pas de cette perspective. Il persuade ses parents de le laisser tenter sa chance à Paris et fuir ainsi l’opprobre qui lui colle à la peau.

Les années quarante : Paris-Basdorf-Paris[modifier]

Paris

En février 1940, Georges est hébergé, comme convenu avec ses parents, chez sa tante Antoinette Dagrosa, dans le XIVe arrondissement8. Chez elle, il y a un piano. Il en profitera pour maîtriser l’instrument à l’aide d’une méthode, malgré sa méconnaissance du solfège. Pour ne pas vivre à ses dépens, comme promis, il recherche du travail. Il obtient celui de manœuvre dans un atelier des usines Renault. Cela ne durera pas ; le 3 juin, Paris et sa région sont bombardés et l’usine de Billancourt est touchée. Le 14, l’armée allemande entre dans la capitale. C’est l’exode de la population. Georges retourne dans sa ville natale. L’été passé, certain que son avenir n'est pas là, il revient chez sa tante, dans un Paris occupé par la Wehrmacht. Tout travail profitant maintenant à l'occupant, il n'est plus question d'en rechercher.

Georges passe ses journées à la bibliothèque municipale du quartier. Conscient de ses lacunes en matière de poésie, il apprend la versification et lit Villon, Baudelaire, Verlaine, Hugo et tant d’autres. Il acquiert ainsi une grande culture littéraire qui le pousse à écrire ses premiers recueils de poésie : Les Couleurs vagues, Des coups d'épée dans l'eau, annonçant le style des chansons à venir et À la venvole9, où son anarchisme se fait jour. Ce dernier est publié en 1942, grâce à l'argent de ses proches : ses amis, sa tante et même une amie de celle-ci, une couturière nommée Jeanne Le Bonniec, qui apprécie beaucoup ses chansons (elle épousera en juin Marcel Planche, peintre en carrosserie).

Basdorf

En février 1943, l'Allemagne nazie impose au gouvernement de Vichy la mise en place d’un service du travail obligatoire (STO). Georges, 22 ans, est convoqué à la mairie du XIVe arrondissement où il reçoit sa feuille de route. De sévères mesures de représailles sont prévues pour les réfractaires. Le 8 mars, il se trouve gare de l’Est pour se rendre en Allemagne, vers le camp de travailleurs de Basdorf, près de Berlin. Là-bas, il travaille dans la manufacture de moteurs d’avion BMW.

On le voit souvent plongé dans des bouquins ou écrivant des chansons, qui divertissent ses compagnons, et la suite d’un roman commencé à Paris, Lalie Kakamou. Il lie des amitiés, auxquelles il restera fidèle tout au long de sa vie – notamment avec André Larue, René Iskin et, plus particulièrement, Pierre Onténiente, le bibliothécaire à qui il emprunte régulièrement des livres.

En mars 1944, Georges Brassens bénéficie d’une permission de quinze jours10. C’est une aubaine à saisir : il ne retournera pas en Allemagne.

Jeanne



N°9, impasse Florimont, avec la plaque commémorative fixée en 1994 et les statues de chats.
À Paris, il lui faut trouver une cachette car il est impossible de passer à travers les filets de la Gestapo en restant chez la tante Antoinette. Jeanne Planche, de trente ans son aînée, accepte d'héberger ce neveu encombrant. Avec son mari Marcel, elle habite une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont. Georges s’y réfugie le 21 mars 1944, en attendant la fin de la guerre. On se lave à l’eau froide, il n’y a ni gaz, ni électricité (donc pas de radio), ni le tout-à-l’égout. Dans la petite cour, une vraie ménagerie : chiens, chats, canaris, tortues, buse… et la fameuse cane qu'il célèbrera dans une chanson. Il est loin de se douter qu’il y restera vingt-deux ans.

Dans ce cocon — il se lève à 5 heures du matin et se couche avec le soleil (rythme qu'il gardera la majeure partie de sa vie) —, il poursuit l'écriture de son roman et compose des chansons en s’accompagnant d’un vieux banjo.



« J'y étais bien, et j'ai gardé, depuis, un sens de l'inconfort tout à fait exceptionnel11. »

Cinq mois plus tard, le 25 août, c’est la libération de Paris. La liberté soudainement retrouvée modifie peu ses habitudes. Avec leur consentement, il se fixe à demeure chez les Planche. Sa carte de bibliothèque récupérée, Brassens reprend son apprentissage de la poésie et s’adonne à nouveau à la littérature.

La fin de la guerre, signée le 8 mai 1945, marque le retour à Paris des copains de Basdorf. Avec ses amis retrouvés, Brassens projette la création d'un journal à tendance anarchiste, Le Cri des gueux. Après la sortie du premier numéro, faute de financement suffisant, le projet tourne court.

Parallèlement, il monte, avec Émile Miramont (un copain sétois) et André Larue (rencontré à Basdorf), le « Parti préhistorique » qui vise surtout à tourner en dérision les autres partis politiques et qui préconise un retour à un mode de vie plus simple. Ce parti ne verra jamais le jour, suite à l’abandon de Miramont12.

Avec l’aide financière de Jeanne, il achète la guitare d’un ami. Elle lui sera volée13.

En 1946, il hérite du piano de sa tante Antoinette, morte en juillet. Cette année-là, il ressent ses premiers maux de reins accompagnés de crises de coliques néphrétiques.

Le bas-relief sur la plaque commémorative a été réalisé par Renaud.

Le libertaire

En septembre 1946, il se lie avec des militants de la Fédération anarchiste pour écrire quelques chroniques dans leur journal, Le Libertaire14, sous les pseudonymes de Gilles Colin ou Geo Cédille. Ce sont des articles virulents, teintés d'humour noir, envers tout ce qui porte atteinte aux libertés individuelles. La violence de sa prose ne fait pas l’unanimité auprès de ses collègues.

En juin 1947, il quitte la Fédération en gardant intacte sa sympathie pour les anarchistes (plus tard, Brassens ira régulièrement se produire bénévolement dans les galas organisés par Le Monde libertaire).

Son roman achevé en automne est publié à compte d’auteur. Lalie Kakamou est devenu La Lune écoute aux portes. Estampillé NRF, la couverture plagie, par provocation, celles de la maison Gallimard. Brassens adresse une lettre à l’éditeur concerné pour signaler cette facétie. Contre toute attente, il n’y aura aucune réaction.

Püppchen

Pour ne pas attiser la jalousie de Jeanne, Georges a vécu des amourettes clandestines. Il y eut en particulier Jo, 17 ans (juin 1945 – août 1946). Une relation tumultueuse qui lui inspira peut-être quelques chansons : Une jolie fleur, P... de toi et, en partie, Le Mauvais Sujet repenti (modification de Souvenir de parvenue déjà écrite à Basdorf.)

En 1947, il rencontre Joha Heiman (1911-1999, morte dix-huit ans après lui et enterrée avec lui). Originaire d’Estonie, elle est son aînée de neuf ans – affectueusement, il l’appelle « Püppchen », petite poupée en allemand, mais ils l'orthographieront tous les deux « Pupchen » (c'est le nom gravé sur leur tombe15). Désormais, on ne connaîtra pas d'autres conquêtes féminines au fidèle Brassens. Ils ne se marieront jamais ni ne cohabiteront. Il lui écrira J’ai rendez-vous avec vous, Je me suis fait tout petit (devant une poupée), Saturne, La Non-demande en mariage et Rien à jeter.

Ses talents de poète et de musicien sont arrivés à maturité. De nombreuses chansons sont déjà écrites. Pratiquement toutes celles de cette époque qu'il choisira d'enregistrer deviendront célèbres, comme Le Parapluie, La Chasse aux papillons, J'ai rendez-vous avec vous, Brave Margot, Le Gorille, Il n'y a pas d'amour heureux.

La personnalité de Brassens a déjà ses traits définitifs : la dégaine d'ours mal léché, la pipe et les moustaches, le verbe libre, imagé et frondeur et pourtant étroitement soumis au carcan d'une métrique et d'un classicisme scrupuleux, le goût des tournures anciennes, le culte des copains et le besoin de solitude, une culture littéraire et chansonnière pointue, un vieux fond libertaire, hors de toute doctrine établie, mais étayé par un individualisme aigu, un antimilitarisme viscéral, un anticléricalisme profond et un mépris total du confort, de l'argent et de la considération. Il ne changera plus.

Les années cinquante : de Patachou à Bobino

En 1951, Brassens rencontre Jacques Grello, chansonnier et pilier du Caveau de la République qui, après l'avoir écouté, lui offre sa propre guitare et lui conseille, plutôt que du piano, de s’accompagner sur scène avec cet instrument16. Ainsi « armé », il l'introduit dans divers cabarets pour qu'il soit auditionné. Alors, il compose d'abord sur piano ses chansons qu'il transcrit pour guitare.

Sur scène, Brassens ne s’impose pas. Intimidé, paralysé par le trac, suant, il est profondément mal à l'aise. Il ne veut pas être chanteur, il préférerait proposer ses chansons à des chanteurs accomplis, voire à des vedettes de la chanson.

Patachou

Après plusieurs auditions infructueuses, Brassens est découragé. Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, journalistes du magazine Paris Match, viennent le soutenir et tentent de l'aider dans la mesure de leurs moyens. Ils lui obtiennent une audition Chez Patachou le jeudi 24 janvier 1952, dans le cabaret montmartrois de la chanteuse17. Le jour dit, et au bout de quelques chansons, Patachou est conquise. Enhardi, Brassens lui propose ses chansons. Elle ne dit pas non et l'invite même à se produire dans son cabaret dès que possible18. Les jours suivants, malgré son trac, Georges Brassens chante effectivement sur la scène du restaurant-cabaret de Patachou. Pour le soutenir, Pierre Nicolas, bassiste dans l'orchestre de la chanteuse, l’accompagne spontanément.

Jacques Canetti

Quand Patachou parle de sa découverte, elle ne manque pas de piquer la curiosité du dirigeant du théâtre des Trois Baudets, Jacques Canetti, également directeur artistique chez Philips. Le 9 mars 1952, il se rend au cabaret Chez Patachou, écouter le protégé de la chanteuse. Emballé, il convainc le président de Philips de lui signer un contrat. Le quotidien France-Soir, du 16-17 mars, titre : « Patachou a découvert un poète ! »

Le 19 mars, l’enregistrement du Gorille et du Mauvais sujet repenti s’effectue au studio de la Salle Pleyel. Certains collaborateurs, offusqués par Le Gorille, s’opposent à ce que ces chansons sortent sous le label de Philips. Une porte de sortie est trouvée par le biais d’une nouvelle marque qui vient d’être acquise : Polydor. D'avril à novembre, neuf chansons sortiront sur disques 78 tours. L'une d'elles, Le Parapluie, est remarquée par le réalisateur Jacques Becker qui l'utilise pour son film Rue de l'Estrapade. Éditée sur disque en même temps que la sortie du film en salle, elle est distinguée par l’Académie Charles-Cros l’année suivante en obtenant le Grand Prix du disque 195419.

Le 6 avril, Brassens fait sa première émission télévisée à la RTF. Il chante La Mauvaise Réputation devant le public de l’Alhambra. Du 28 juillet au 30 août, il fait sa première tournée en France, en Suisse et en Belgique, avec Patachou et Les Frères Jacques.

Il est engagé à partir du mois de septembre au « Trois Baudets » ; le théâtre ne désemplit pas. Dans le public, les chansons comme Hécatombe' et Le Gorille scandalisent les uns, ravissent les autres. Ces controverses contribuent à faire fonctionner le bouche à oreille. Dès lors, Georges Brassens gravit les échelons du succès et de la notoriété. En 1953, tous les cabarets le demandent et ses disques commencent à bien se vendre chez les disquaires. Son premier passage à Bobino, sa salle de prédilection, « l'usine » comme il se plaisait à le dire, à « quatre pas de sa maison » se fera en février 1953, avec l'accord des Trois Baudets (Jacques Canetti), son second passage en octobre 1953, mais pas encore en « vedette ».

Lui qui a longtemps hésité entre une carrière de poète et celle d’auteur-compositeur est maintenant lancé dans la chanson. Loin de juger la chanson comme une expression poétique mineure, il considère que cet art demande un équilibre parfait entre le texte et la musique et que c’est un don qu’il possède, que de placer un mot sur une note[réf. nécessaire]. Extrêmement exigeant, il s’attache à écrire les meilleurs textes possibles. Jamais satisfait, il les remanie maintes fois : il change un mot, peaufine une image, jusqu'à ce qu'il estime avoir atteint son but.

Patachou, qui a mis avec succès plusieurs chansons de son poulain à son répertoire, enregistre neuf titres le 23 décembre 1952, au studio Chopin-Pleyel, pour l’album Patachou… chante Brassens. Pour ce disque, il lui a donné une chanson en exclusivité : Le Bricoleur (boîte à outils) et, de plus, ils chantent en duo Maman, Papa20.

René Fallet

Séduit par les chansons qui passent à la radio, l’écrivain René Fallet va l’entendre un soir aux Trois Baudets. Il est loin d’être déçu et son enthousiasme le pousse à publier un article dithyrambique dans Le Canard enchaîné du 29 avril 1953 : « Allez, Georges Brassens ! »



« La voix de ce gars est une chose rare et qui perce les coassements de toutes ces grenouilles du disque et d’ailleurs. Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, de coup de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et… à la chasse aux papillons. »

Touché, Brassens lui écrit pour le remercier et lui demander de venir le voir aux « Baudets ». Leur rencontre sera le début d’une amitié qui durera le restant de leur vie.

Pierre Nicolas

Son second roman, La Tour des miracles, est publié en juin, aux éditions des Jeunes Auteurs réunis, dirigées par Jean-Pierre Rosnay, qui est aussi l'auteur de la préface. Son premier album, Georges Brassens chante les chansons poétiques (… et souvent gaillardes) de… Georges Brassens, sort chez Polydor en octobre. Devenu vedette, il triomphe en tête d’affiche de Bobino (16 au 29 octobre 1953).

En 1954, c'est au tour de l’Olympia (23 février au 4 mars et du 23 septembre au 12 octobre). Pour cette grande scène, il fait appel à Pierre Nicolas pour l’accompagner à la contrebasse, marquant ainsi le début d’une collaboration qui durera presque trente ans. Le bassiste sera désormais de toutes les scènes et de tous les enregistrements. Bobino (du 25 novembre au 15 décembre) achève cette année qui a vu la publication, en octobre, de La Mauvaise Réputation, recueil où sont réunis des textes en prose et en vers, dont une pièce de théâtre : Les Amoureux qui écrivent sur l’eau.

Gibraltar

Avec le succès, l’argent commence à rentrer et il faut faire face à la gestion du métier. En 1954, Pierre Onténiente, le copain de Basdorf, a accepté de l’aider sans contrepartie pour s’occuper de ses affaires. Avant de franchir le pas plus avant, il fait son apprentissage auprès de Ray Ventura, l'éditeur de Georges.

En 1955, Brassens fait l’acquisition de la maison des Planche et de celle qui lui est mitoyenne pour l’agrandir. L’eau et l’électricité installées, il la leur offre. La vie continue comme avant. Cette même année il rencontre Paul Fort, poète qu’il admire et qu’il a chanté à ses débuts (Le Petit Cheval21, sur son deuxième disque 78 tours deux titres). Avant sa tournée en Afrique du Nord et son passage à l’Ancienne Belgique, à Bruxelles, il compose des musiques sur deux autres de ses poèmes : Comme hier et La Marine22 en vue de son nouveau passage à l’Olympia (du 6 au 27 octobre). La nouvelle station de radio, Europe 1, qui vient d’apparaître sur les ondes, est un événement important dans sa carrière. C’est la seule qui diffuse ses chansons interdites sur les radios d’État. En 1956, Brassens sera animateur sur Europe 123.

Prêt à se consacrer à son ami, Pierre Onténiente quitte son emploi en janvier 1956. Son baptême du feu : le prochain passage à Bobino de l’artiste (27 janvier – 16 février). Entre-temps, à la demande de René Fallet, Brassens a accepté, par amitié, de faire l’acteur aux côtés de Pierre Brasseur et Dany Carrel. Le roman de son ami, La Grande Ceinture, est adapté à l’écran par René Clair. Il s’intitulera Porte des Lilas. Dans cette affaire, Onténiente y gagnera son sobriquet de « Gibraltar ». Le trouvant aussi résistant qu’un roc quand il défend les intérêts de son « protégé », le réalisateur le compare au Rocher de Gibraltar. Friand de surnoms, Brassens l’adopte pour dénommer son ami et, désormais, secrétaire-imprésario. Trois chansons arrivent à point pour illustrer le film : Au bois de mon cœur, L'Amandier et Le Vin24.

En 1957, Brassens et Gibraltar créent les éditions 57.


Moulin de La Bonde
La maison de Jeanne, impasse Florimont, est toute petite. Pour vivre comme il l'entend, il jette son dévolu, en 1958, sur le moulin de La Bonde, au bord du Ru de Gally, à l'extérieur du village de Crespières, dans les Yvelines. Il s'y rend souvent pour, entre autres, y honorer grandement l’amitié des copains d’enfance : Victor Laville, Émile Miramont, Henri Colpi, Roger Thérond ; de ceux de Basdorf : René Iskin, André Larue ; des anars du Libertaire ; des amis du monde de la chanson et du spectacle : Marcel Amont, Guy Béart, Georges Moustaki, Jacques Brel, Pierre Louki, Jean Bertola, Boby Lapointe, Lino Ventura, Raymond Devos, Jean-Pierre Chabrol, Bourvil (en voisin), Fred Mella (soliste des Compagnons de la chanson) et bien d’autres. Fidèles, jusqu’à la fin. Seule Jeanne refusera de venir au moulin.

Dorénavant, il cesse de se produire dans les cabarets pour alterner les tours de chant entre Bobino et l’Olympia. Il poursuit ses tournées à l’étranger (1958 : Suisse, Rome, 1959 : Belgique, Afrique du Nord, 1961 : Québec, etc.).

Les années soixante : honneurs et douleurs

Jacques Charpentreau, écrit le premier ouvrage sur le chanteur : Georges Brassens et la poésie quotidienne de la chanson25.

En 1961, il sort un disque en hommage à Paul Fort, mort l’année précédente, disque où sont réunis les sept poèmes qu’il a mis en musique26.





Georges Brassens sur scène en 1964.
En avril 1962, il fête à Bobino ses dix ans de carrière. Le 15 mai, il monte un spectacle en hommage à Paul Fort, au théâtre Hébertot. Le 5 décembre, jour de la première à l’Olympia avec Nana Mouskouri, il souffre d’une crise de coliques néphrétiques. Sur l’insistance de Bruno Coquatrix, il honore les dates prévues à partir du lendemain jusqu’au 24 décembre. Chaque soir, une ambulance l’attend. Suite à cette douloureuse expérience, il ne retournera plus à l’Olympia27. Le 31 décembre, il apprend la mort de sa mère. Le jour même, il se rend à Sète puis regagne Marseille pour se produire à l’Alcazar. « Pour la première fois, ce soir, elle me voit chanter » dit-il28.

Le prix Vincent Scotto, décerné par la SACEM, gratifie Les Trompettes de la renommée, de meilleure chanson de l'année 1963. En octobre, le numéro 99 de la très sélective collection Poètes d’aujourd’hui, qui paraît chez les libraires, est consacré à Georges Brassens. Quand l’éditeur, Pierre Seghers, lui avait fait part de ce projet, Brassens accepta à condition que son ancien professeur de français, Alphonse Bonnafé, soit l’auteur du texte29. Brassens est ainsi le second auteur de chansons (après Léo Ferré), à figurer dans cette collection. Dans son journal, René Fallet écrit :



« C’est le triomphe enfin avoué et officiel de ceux qui, voilà dix ans, criaient au poète pour les sourds30. »





Georges Brassens sur scène en 1964.
Dix ans se sont écoulés depuis la parution de son premier album — neuf ont paru, quatre-vingts chansons ont été enregistrées. Pour marquer cet anniversaire, un coffret de six 33 tours 30 cm, Dix ans de Brassens, est mis en vente. Le 6 novembre, Georges Brassens se voit honoré pour cet ouvrage, par l’Académie Charles-Cros, en recevant le Grand Prix international du disque 1963 des mains de l’écrivain Marcel Aymé.

Souffrant de calculs rénaux depuis plusieurs mois déjà, les crises de coliques néphrétiques deviennent plus aigües. Il subit une opération des reins à la mi-janvier. Après une longue convalescence, il est à nouveau sur les planches de Bobino en septembre.

Les Copains d’abord

Le film d’Yves Robert, Les Copains, sort en 1965. Pour le générique, Brassens a composé une chanson : Les Copains d’abord31. Le succès qu’elle rencontre est tel qu’il rejaillit sur les ventes de son premier album 33 tours 30 cm et sur son triomphe à Bobino (du 21 octobre au 10 janvier 1965) avec, en alternance, Barbara32, Serge Lama, Michèle Arnaud, Brigitte Fontaine ou Boby Lapointe. L'une de ses nouvelles chansons, Les deux oncles, où il renvoie dos à dos les deux camps de la Seconde Guerre mondiale pour exprimer l’horreur que lui inspire la guerre, jette le trouble et lui vaut des inimitiés chez certains de ses admirateurs.

Louis Brassens, lui non plus, n’aura jamais vu son fils sur scène ; il meurt le 28 mars 1965 et Marcel Planche, quant à lui, le 7 mai suivant.

Lors d’une émission radiophonique (Musicora), diffusée en direct du théâtre de l'ABC le 12 octobre, Georges Brassens réalise un rêve : chanter avec Charles Trenet33. Ils renouvelleront cette expérience pour une émission télévisée (La La La), en mars 1966. L’estime qu’ils se portent est réciproque, mais Trenet garde ses distances. « C’est le grand regret de Georges. S’il y en avait un qu’il aurait vraiment aimé fréquenter, c’est bien Trenet. Or il s’est trouvé que Trenet [...] n’a rien fait pour aller vers Georges. »34

Pour rompre sa solitude, Jeanne se remarie à 75 ans, le 26 mai 1966, avec un jeune homme de 37 ans. Contrarié par ce mariage, Brassens quitte l'impasse Florimont pour emménager dans un duplex près de la place Denfert-Rochereau35. Jacques Brel, qu’il a connu aux « Trois Baudets » en 1953, est son voisin ; il s’apprête à faire ses adieux sur la scène de l’Olympia. Par amitié, Brassens écrit le texte du programme de cet événement. Du 16 septembre au 22 octobre, Georges Brassens se produit sur les planches du théâtre national populaire (TNP) avec Juliette Gréco qui en assure la première partie36. Chaque soir, il présente sa Supplique pour être enterré sur la plage de Sète et fait part de son Bulletin de santé — en réponse aux rumeurs distillées par une certaine presse — et pour faire bonne mesure, il exprime le peu de bien qu'il pense des mouvements politiques de toutes sortes dans Le Pluriel.

Habitué à souffrir de ses calculs rénaux, il a laissé passer le temps. Au mois de mai 1967, une nouvelle crise l’oblige à interrompre une tournée pour subir une deuxième opération des reins. Le 8 juin, parrainé par Marcel Pagnol et Joseph Kessel, l'Académie française lui décerne le Grand Prix de poésie pour l’ensemble de son œuvre. Brassens en est honoré, mais pense ne pas le mériter.



« Je ne pense pas être un poète… Un poète, ça vole quand même un peu plus haut que moi… Je ne suis pas poète. J’aurais aimé l’être comme Verlaine ou Tristan Corbière37. »

René Fallet sort à son tour un livre sur son ami, aux éditions Denoël.

Après Mai 68, quand on lui demande ce qu’il faisait pendant les événements, il répond malicieusement : « Des calculs ! »38

Le 24 octobre, avec son ami Fallet, il est au chevet de Jeanne qui meurt faute d’avoir pu surmonter le choc de son opération de la vésicule biliaire. Elle avait 77 ans.

Le 6 janvier 1969, à l'initiative du magazine Rock & Folk et de RTL, Georges Brassens, Léo Ferré et Jacques Brel sont invités à débattre autour d'une table.

Cette année-là, il franchit les limites du quatorzième arrondissement pour emménager dans une maison du quartier Saint-Lambert39. Bobino l'attend à nouveau à partir du 14 octobre.

En décembre, pour satisfaire à la demande de son ami sétois, le cinéaste Henri Colpi, il enregistre la chanson écrite par ce dernier et composée par Georges Delerue pour illustrer le film dans lequel joue Fernandel : Heureux qui comme Ulysse40.

Les années soixante-dix : Bretagne et Grande-Bretagne

En 1971, il compose également la musique du film de Michel Audiard, Le drapeau noir flotte sur la marmite, adaptation du roman de René Fallet : Il était un petit navire.





La maison de Brassens aux Craquelets, à Lézardrieux en Bretagne.
Dans ces années là, le grand auteur-compositeur qu'il est, découvert par Jacques Canetti, s'en remet à un Lyonnais, Jean Bertola, (Jean-Claude Bertola en pianiste), pour ses tournées et son secrétariat.

Lézardrieux

Suite aux vacances passées à Paimpol, chez le neveu de Jeanne, depuis les années cinquante, Georges Brassens apprécie la Bretagne. Michel Le Bonniec lui a trouvé une maison sur les rives du Trieux, à Lézardrieux : « Ker Flandry ». Le moulin de Crespières est mis en vente en début 1970. À la demande de Brassens, « Gibraltar » et son épouse viennent habiter la maison de l’impasse Florimont41.

Brassens a 50 ans et vingt ans de carrière. Un autre tour de chant l’attend à Bobino avec Philippe Chatel, Maxime Le Forestier, Pierre Louki, en alternance (10 octobre 1972 au 7 janvier 1973). Mourir pour des idées y répond aux réactions mitigées envers sa chanson Les Deux oncles. Le 30 octobre 1972, il participe à une soirée spéciale contre la peine de mort au Palais des sports de Paris. À partir du 14 janvier 1973, il entame ses dernières tournées françaises. Il passe au théâtre municipal de Sète, le 13 avril 1973. Cette année-là, il fait son entrée dans Le Petit Larousse.

Répondant à l’invitation de Colin Evans, professeur de français à l’University College de Cardiff, en Pays de Galles, Brassens donne deux récitals au Shermann Theatre le 28 octobre 197342.

Le 19 octobre 1976, il s’installe à Bobino pour cinq mois. Il présente les nouvelles chansons de son dernier album, dont celle qui lui donne son nom :Trompe-la-mort.



« C’est pas demain la veille, bon Dieu, de mes adieux. »

Le 20 mars 1977, jour de la dernière, personne ne se doute qu’il ne foulera plus jamais les planches de son music-hall de prédilection.

Saint-Gély-du-Fesc

D'inquiétantes douleurs abdominales de plus en plus vives l’amènent à se faire examiner. Un cancer de l’intestin se généralise. Il est opéré à Montpellier, dans la clinique du docteur Bousquet en novembre 1980. L'année suivante, une nouvelle opération à l’hôpital américain de Paris lui accorde une rémission qui lui permet de passer l'été dans la propriété des Bousquet, à Saint-Gély-du-Fesc, au nord de Montpellier. Retour à Paris et séjour à Lézardrieux.





La tombe de Georges Brassens au cimetière de Sète.
Hormis les disques de ses chansons arrangées en jazz — dans lequel il est à la guitare auprès de prestigieux jazzmen — en 1979 et celui en faveur de Perce-neige, l’association de son ami Lino Ventura, sur lequel il chante les chansons de son enfance en 1980 et sans oublier son rôle du hérisson dans le conte musical Émilie Jolie de Philippe Chatel en 1979, il n’a pas enregistré d’album depuis cinq ans. Pourtant, près de quinze chansons sont prêtes, quinze autres en gestation. Il échafaude le projet de les graver43. Là encore, il est resté fidèle à sa maison de disques tout au long de sa carrière.

Ultime satisfaction, la peine de mort — contre laquelle il avait écrit Le Gorille, fait des galas, manifesté, signé des pétitions — est abolie le 9 octobre 1981.

Revenu dans la famille de son chirurgien, à Saint-Gély, il fête son soixantième anniversaire[réf. nécessaire].

Souvent brocardée dans ses chansons, la Camarde l’emporte dans la nuit du jeudi 29 octobre 1981, à 23 h 15. Georges Brassens est inhumé à Sète, le matin du samedi 31, dans le caveau familial au cimetière Le Py44. Le choc de sa mort est immense dans toute la France. En ouverture du journal télévisé du 30 octobre45, sur Antenne 2, Patrick Poivre d'Arvor, visiblement réellement ému, déclare : « On est là, tout bête, à 20 ans, à 40, à 60… On a perdu un oncle. »

Joha Heiman mourra le 19 décembre 1999 et sera enterrée à ses côtés46.

Lui qui avait comme modèle de réussite Paul Misraki, parce qu'il était chanté partout sans être connu du grand public, ne se doutait pas qu'un jour il accéderait à la renommée internationale. On lui a consacré aujourd'hui plus de cinquante thèses, on le chante partout : au Japon, en Russie, en Amérique du Nord, en Italie, en Espagne, etc. Au total, il est traduit dans une vingtaine de langues.

Postérité

En 2011, un jeune homme de 27 ans est condamné à Cherbourg à 200 euros d'amende et 40 heures de travaux d'intérêt général pour outrage à agents après avoir chanté Hécatombe à sa fenêtre47,48.

Lieux portant son nom

Sur le territoire français, de nombreux établissements scolaires, salles de spectacle, parcs et jardins, espaces publics, portent le nom de Georges Brassens, dont, à Paris, le Square Georges-Brassens, tout proche de sa maison de la rue Santos-Dumontnote 1.

pour PASCALE


Voici les paroles ou lyrics de La mauvaise herbe interprétées par Georges Brassens :

Quand l'jour de gloire est arrivé
Comm' tous les autr's étaient crevés
Moi seul connus le déshonneur
De n'pas êtr' mort au champ d'honneur

Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbes
La mort faucha les autres
Braves gens, braves gens
Et me fit grâce à moi
C'est immoral et c'est comm' ça
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu

La fille à tout l'monde a bon coeur
Ell' me donne au petit bonheur
Les p'tits bouts d'sa peau, bien cachés
Que les autres n'ont pas touchés

Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbes
Elle se vend aux autres
Braves gens, braves gens
Elle se donne à moi
C'est immoral et c'est comme ça
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Qu'on m'aime un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Qu'on m'aime un peu

Les hommes sont faits, nous dit-on
Pour vivre en bande, comm' les moutons
Moi, j'vis seul, et c'est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin

Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbes
Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
Je pousse en liberté
Dans les jardins mal fréquentés
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu



Paroles et Musique: Georges Brassens 1954 © Warner-Chapell Music France autres interprètes: Les Croquants (2004)

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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 23 Juin 2012 - 21:57

Victor Hugo

Pour l'homme politique portugais, voir Victor Hugo de Azevedo Coutinho. Pour les autres homonymes et noms donnés en l'honneur de l'écrivain français, voir Victor Hugo (homonymie).

Victor Hugo , né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un poète, dramaturge et prosateur romantique considéré comme l'un des plus importants écrivains de langue française. Il est aussi une personnalité politique et un intellectuel engagé qui a compté dans l'Histoire du XIXe siècle.

Victor Hugo occupe une place marquante dans l'histoire des lettres françaises au XIXe siècle, dans des genres et des domaines d'une remarquable variété1,2. Il est poète lyrique avec des recueils comme Odes et Ballades (1826), Les Feuilles d'automne (1831) ou Les Contemplations (1856), mais il est aussi poète engagé contre Napoléon III dans Les Châtiments (1853) ou encore poète épique avec La Légende des siècles (1859 et 1877).

Il est également un romancier du peuple qui rencontre un grand succès populaire avec par exemple Notre-Dame de Paris (1831), et plus encore avec Les Misérables (1862). Au théâtre, il expose sa théorie du drame romantique dans sa préface de Cromwell en 18273 et l'illustre principalement avec Hernani en 1830 et Ruy Blas en 1838.

Son œuvre multiple comprend aussi des discours politiques à la Chambre des pairs, à l'Assemblée constituante et à l'Assemblée législative, notamment sur la peine de mort, l'école ou l'Europe, des récits de voyages (Le Rhin, 1842, ou Choses vues, posthumes, 1887 et 1890), et une correspondance abondante.

Victor Hugo a fortement contribué au renouvellement de la poésie et du théâtre ; il a été admiré par ses contemporains et l'est encore, mais il a été aussi contesté par certains auteurs modernes4. Il a aussi permis à de nombreuses générations de développer une réflexion sur l'engagement de l'écrivain dans la vie politique et sociale grâce à ses multiples prises de position qui le condamneront à l'exil pendant les vingt ans du Second Empire.

Ses choix, à la fois moraux et politiques5, durant la deuxième partie de sa vie, et son œuvre hors du commun ont fait de lui un personnage emblématique que la Troisième République a honoré à sa mort le 22 mai 1885 par des funérailles nationales6 qui ont accompagné le transfert de sa dépouille au Panthéon de Paris, le 31 mai 1885.

Maison natale de Victor Hugo à Besançon
Victor, Marie Hugo7 est le fils du général d'Empire Joseph Léopold Sigisbert Hugo (1773‑1828), créé comte, selon la tradition familiale, par Joseph Bonaparte, roi d'Espagne et en garnison dans le Doubs au moment de la naissance de son fils, et de Sophie Trébuchet (1772‑1821) (voir maison natale de Victor Hugo). Benjamin d'une famille de trois enfants après Abel Joseph Hugo (1798‑1855) et Eugène Hugo (1800‑1837), il passe son enfance à Paris. De fréquents séjours à Naples et en Espagne, à la suite des affectations militaires de son père, marqueront ses premières années. Ainsi, en 1811, il est, avec son frère Eugène, pensionnaire dans une institution religieuse de Madrid, le Collège des Nobles. Vers 1813, il s'installe à Paris avec sa mère qui s'est séparée de son mari, car elle entretient une liaison avec le général d'Empire Victor Fanneau de la Horie. En septembre 1815, il entre avec son frère à la pension Cordier. D'après Adèle Hugo, c'est vers cet âge que Victor Hugo commence à versifier. Autodidacte, c'est par tâtonnement qu'il apprend la rime et la mesure8. Il est encouragé par sa mère à qui il lit ses œuvres, ainsi qu'à son frère Eugène. Ses écrits sont relus et corrigés par un jeune maître d'études de la pension Cordier qui s'est pris d'amitié pour les deux frères9. Sa vocation est précoce et ses ambitions sont immenses. Âgé de quatorze ans à peine, Victor, en juillet 1816, note sur un journal : « Je veux être Chateaubriand ou rien10 ».

En 1817, il participe à un concours de poésie organisé par l'Académie française sur le thème Bonheur que procure l'étude dans toutes les situations de la vie. Le jury est à deux doigts de lui adresser le prix, mais le titre de son poème (Trois lustres à peine) suggère trop son jeune âge et l'Académie croit à un canular : il reçoit seulement une mention11. Il concourt sans succès les années suivantes, mais gagne, à des concours organisés par l'Académie des jeux floraux de Toulouse, en 1819, un Lys d'or pour La statue de Henri IV et un Amaranthe d'or pour Les Vierges de Verdun12, et un prix en 1820 pour Moïse sur le Nil13.

Encouragé par ses succès, Victor Hugo délaisse les mathématiques, pour lesquelles il a des aptitudes (il suit les cours des classes préparatoires), et embrasse la carrière littéraire. Avec ses frères Abel et Eugène, il fonde en 1819 une revue, « Le Conservateur littéraire », qui attire déjà l'attention sur son talent. Son premier recueil de poèmes, Odes, paraît en 1821 : il a alors dix-neuf ans. Les quinze cents exemplaires s'écoulent en quatre mois. Le roi Louis XVIII, qui en possède un exemplaire, lui octroie une pension annuelle de mille francs14.

Jeune écrivain

Victor Hugo jeune homme.
La mort de sa mère le 27 juin 1821 l'affecte profondément15. En effet, les années de séparation d'avec son père l'avaient rapproché de celle-ci. Il épouse, le 12 octobre 1822, une amie d'enfance, Adèle Foucher, née en 1803, qui lui donne cinq enfants :
Léopold (16 juillet 1823 - 10 octobre 1823) ;
Léopoldine (28 août 1824 - 4 septembre 1843) ;
Charles (4 novembre 1826 - 13 mars 1871) ;
François–Victor (28 octobre 1828 - 26 décembre 1873) ;
Adèle (28 juilletnote 1 1830 - 21 avril 1915), la seule qui survivra à son illustre père, mais dont l'état mental, très tôt défaillant, lui vaudra de longues années en maison de santé.

Ce mariage précipite son frère Eugène dans la folie, une schizophrénie qui conduira à son enfermement jusqu'à sa mort en 183716.

Il commence la rédaction la même année de Han d'Islande (publié en 1823), qui reçoit un accueil mitigé. Une critique de Charles Nodier, bien argumentée, est l'occasion d'une rencontre entre les deux hommes et de la naissance d'une amitié17. À la bibliothèque de l'Arsenal, berceau du romantisme, il participe aux réunions du Cénacle, qui auront une grande influence sur son développement[réf. souhaitée]. Son amitié avec Nodier dure jusqu'à 1827-1830, date à laquelle celui-ci commence à être très critique envers les œuvres de Victor Hugo18. Durant cette période, Victor Hugo renoue avec son père19, qui lui inspirera les poèmes Odes à mon pèrenote 2 et Après la bataille20. Celui-ci meurt en 1828.

Sa pièce Cromwell, publiée en 1827, fait éclat. Dans la préface de ce drame, Victor Hugo s'oppose aux conventions classiques, en particulier à l'unité de temps et à l'unité de lieu, et jette les premières bases de son drame romantique.

Le couple reçoit beaucoup et se lie avec Sainte-Beuve, Lamartine, Mérimée, Musset, Delacroix21. Adèle Hugo entretient une relation amoureuse avec Sainte-Beuve, qui se développe durant l'année 183122. De 1826 à 1837, la famille séjourne fréquemment au Château des Roches à Bièvres, propriété de Bertin l'Aîné, directeur du Journal des débats. Au cours de ces séjours, Hugo rencontre Berlioz, Chateaubriand, Liszt, Giacomo Meyerbeer, et rédige des recueils de poésie dont Feuilles d'automne. Il publie en 1829, le recueil de poèmes Les Orientales. Le Dernier Jour d'un condamné paraît la même année et est suivi de Claude Gueux en 1834. Dans ces deux courts romans, Victor Hugo présente son dégoût de la peine de mort. Le roman Notre Dame de Paris paraît en 1831.

Années théâtre


La Bataille d'Hernani (Grandville, 1836)
De 1830 à 1843, Victor Hugo se consacre presque exclusivement au théâtre, mais publie néanmoins des recueils de poésies : Les Feuilles d'automne (1831), Les Chants du crépuscule (1835), Les Voix intérieures (1837), Les Rayons et les Ombres (1840).

Déjà en 1828, il avait monté une œuvre de jeunesse Amy Robsart. L'année 1830 est l'année de la création d’Hernani, qui est l'occasion d'un affrontement littéraire fondateur entre anciens et modernes. Ces derniers, au premier rang desquels Théophile Gautier, s'enthousiasment pour cette œuvre romantique — combat qui restera dans l'histoire de la littérature sous le nom de « bataille d'Hernani». Marion de Lorme, interdite une première fois en 1829, est montée en 1831 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin, puis, en 1832, Le roi s'amuse au Théâtre-Français. La pièce sera dans un premier temps interdite, fait dont Hugo s'indignera dans la préface de l'édition originale de 183223.

En 1833, il rencontre l'actrice Juliette Drouet, qui devient sa maîtresse. Elle lui consacrera sa vie et le sauvera de l'emprisonnement lors du coup d'État de Napoléon III. Il écrira pour elle de nombreux poèmes. Tous deux passent ensemble chaque anniversaire de leur rencontre et remplissent, à cette occasion, année après année, un cahier commun qu'ils nomment tendrement le Livre de l'anniversairenote 3,24,25. Mais Juliette ne fut qu'une de ses nombreuses maîtresses26.


Juliette Drouet par Champmartin
Lucrèce Borgia et Marie Tudor sont montées au Théâtre de la porte Saint Martin en 1833, Angelo, tyran de Padoue au Théâtre Français en 1835. Il manque de salle pour jouer les drames nouveaux. Victor Hugo décide donc, avec Alexandre Dumas, de créer une salle dédiée au drame romantique. Aténor Joly reçoit, par arrêté ministériel, le privilège autorisant la création du théâtre de la Renaissance en 183627, où sera donné, en 1838, Ruy Blas.

Hugo accède à l'Académie française en 1841, après trois tentatives infructueuses essentiellement dues à une poignée d'académiciens menés entre autres par Étienne de Jouynote 4, opposés au romantisme et le combattant férocement28.

Puis, en 1843, est montée la pièce Les Burgraves, qui ne recueille pas le succès escompté. Lors de la création de toutes ces pièces, Victor Hugo se heurte aux difficultés matérielles et humainesnote 5. Ses pièces sont régulièrement sifflées par un public peu sensible au drame romantique, même si elles reçoivent aussi de la part de ses admirateurs de vigoureux applaudissements29.

Le 4 septembre 1843, Léopoldine meurt tragiquement à Villequier, dans la Seine, noyée avec son mari Charles Vacquerie dans le naufrage de leur barque. Hugo était alors dans les Pyrénées, avec sa maîtresse Juliette Drouet, et il apprend ce drame par les journaux. L'écrivain est terriblement affecté par cette mort, qui lui inspirera plusieurs poèmes des Contemplations — notamment, « Demain, dès l'aube… ». À partir de cette date et jusqu'à son exil, Victor Hugo ne produit plus rien, ni théâtre, ni roman, ni poème. Certains voient dans la mort de Léopoldine et l'échec des Burgraves une raison de sa désaffection pour la création littéraire30. D'autres y voient plutôt l'attrait pour la politique, qui lui offre une autre tribune31.

Action politique

Élevé par sa mère bretonne dans l'esprit du royalisme, il se laisse peu à peu convaincre de l'intérêt de la démocratie (J'ai grandi, écrit-il dans le poème « Écrit en 1846 »32 en réponse à un reproche d'un ami de sa mère).

Selon Pascal Melka33, Victor Hugo a la volonté de conquérir le régime pour avoir de l'influence et permettre la réalisation de ses idées34. Il devient ainsi confident de Louis-Philippe en 1844, puis pair de France en 1845. Son premier discours en 1846 est pour défendre le sort de la Pologne écartelée entre plusieurs pays35, puis en 1847, il défend le droit au retour des bannis, dont celui de Jérôme Napoleon Bonaparte36.

Au début de la Révolution de 1848, il est nommé maire du 8e arrondissement de Paris, puis député de la deuxième République et siège parmi les conservateurs. Lors des émeutes ouvrières de juin 1848, Victor Hugo, lui-même, va participer au massacre, en commandant des troupes face aux barricades, dans l'arrondissement parisien dont il se trouve être le maire37. Il en désapprouvera plus tard la répression sanglante38. Il fonde le journal L'Événement39 en août 1848. Il soutient la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République en décembre 1848. Après la dissolution de l'Assemblée nationale, il est élu en 1849 à l'Assemblée législative et prononce son Discours sur la misère. Il rompt avec Louis-Napoléon Bonaparte, lorsque celui-ci soutient le retour du pape à Rome40, et il se bat progressivement contre ses anciens amis politiques, dont il réprouve la politique réactionnaire.

Exil


La maison du Pigeon, maison de la Grand-Place de Bruxelles que Victor Hugo habita lors de son exil à Bruxelles en 1852
Lors du coup d'État du 2 décembre 1851, Victor Hugo tente d'abord de fuir, puis se constitue prisonnier, mais un commissaire français, flairant le piège, refuse de l'arrêter lui répondant « M. Hugo, je ne vous arrête pas, car je n'arrête que les gens dangereux ! »41. Il s'exile volontairement42 à Bruxelles, puis à Jersey. Il condamne vigoureusement pour des raisons morales43,note 6 le coup d'État et son auteur Napoléon III dans un pamphlet publié en 1852, Napoléon le petit, ainsi que dans Histoire d'un crime, écrit au lendemain du coup d'État et publié 25 ans plus tard44 et dans Les Châtiments43. Le souvenir douloureux de Léopoldine sa fille — ainsi que sa curiosité — le pousse à tenter des expériences de spiritisme consignées dans Les Tables tournantes de Jersey.


Hauteville House, maison de Victor Hugo en exil à Guernesey
Chassé de Jersey en 1855 pour avoir critiqué la reine Victoria, il s'installe à Guernesey dans sa maison Hauteville House. Il fait partie des quelques proscrits qui refusent l'amnistie45 décidée quelque temps après (« Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là46 »). Ces années difficiles sont très fécondes. Il publiera notamment Les Châtiments (1853), œuvre en vers qui prend pour cible le Second Empire ; Les Contemplations, poésies (1856) ; La Légende des siècles (1859), ainsi que Les Misérables, roman (1862). Il rend hommage au peuple de Guernesey dans son roman Les Travailleurs de la mer (1866).

Il reçoit quelques visites du continent, celle de Judith Gautier ou en 1860, celle de Boucher de Perthes47. Le fondateur de la préhistoire le décrit alors comme un « républicain gentilhomme, (..) fort bien installé, vivant en père de famille (..) aimé de ses voisins et considéré des habitants. »

Retour en France et mort

Napoléon III signe en 1859 une amnistie générale des prisonniers politiques, mais Victor Hugo refuse de profiter de cette grâce de l’« usurpateur », de même que celle de 186948. Victor Hugo retourne en France en septembre 1870 après la défaite de l'armée française à Sedan et reçoit de la part des Parisiens un accueil triomphal. Il participe activement à la défense de Paris assiégé. Élu à l'Assemblée nationale (siégeant alors à Bordeaux) le 8 février 1871, il en démissionne le mois suivant pour protester contre l'invalidation de Garibaldi. En mars 1871, il est à Bruxelles pour régler la succession de son fils Charles lorsqu'éclate la Commune. C'est de Belgique qu'il assiste à la révolte et à sa répression qu'il désapprouve si vivement qu'il est expulsé de ce pays49. Il trouve refuge pendant trois mois et demi dans le Grand-Duché (1er juin–23 septembre). Il séjourne successivement à Luxembourg, à Vianden (deux mois et demi), à Diekirch et à Mondorf, où il suit une cure thermale. Il y achève le recueil L'Année terrible. Il retourne en France fin 1871. Plusieurs comités républicains l'ayant sollicité, il accepte de se porter candidat à l'élection complémentaire du 7 janvier 1872. Apparaissant comme « radical » en raison de sa volonté d'amnistier les communards, il est battu par le républicain modéré Joseph Vautrain50.
La même année, Hugo se rend à nouveau à Guernesey où il écrit le roman Quatrevingt-treize. En 1873, il est à Paris et se consacre à l'éducation de ses deux petits-enfants, Georges et Jeanne qui lui inspirent le recueil L'Art d'être grand-père. Il reçoit beaucoup, hommes politiques et littéraires, les Goncourt, Lockroy, Clemenceau, Gambetta49... Le 30 janvier 1876, il est élu sénateur et milite pour l'amnistie. Il s'oppose à Mac Mahon quand celui-ci dissout l'assemblée49. Dans son discours d'ouverture du congrès littéraire international de 1878, il se positionne pour le respect de la propriété littéraire, mais aussi pour le fondement du domaine public. En juin 1878, Hugo est victime d'un malaise, peut-être51 une congestion cérébrale. Il part se reposer quatre mois à Guernesey dans sa demeure de Hauteville House, suivi de son « secrétaire bénévole » Richard Lesclide52. Ce mauvais état de santé met pratiquement fin à son activité d'écriture. Toutefois de très nombreux recueils, réunissant en fait des poèmes datant de ses années d'inspiration exceptionnelle (1850-1870) continuent de paraître régulièrement (La Pitié suprême en 1879, L'Âne, Les Quatre Vents de l'esprit en 1881, la dernière série de la Légende des siècles en septembre 1883...), contribuant à la légende du vieil homme intarissable jusqu'à la mortnote 7. Durant cette période, nombre de ses pièces sont de nouveau jouées (Ruy Blas en 1872, Marion de Lorme et Marie Tudor en 187353, Le roi s'amuse en 1882)49.


L'enterrement de Victor Hugo
Sous la Troisième République, le gouvernement Ferry promulgue la loi du 30 juillet 1881, dite de « réparation nationale », qui alloue une pension ou rente viagère aux citoyens français victimes du coup d'Etat du 2 décembre 1851 et de la loi de sûreté générale. La Commission générale chargée d'examiner les dossiers, présidée par le Ministre de l'Intérieur, est composée de représentants du ministère, de conseillers d'État, et comprend huit parlementaires, tous d'anciennes victimes : quatre sénateurs (Victor Hugo, Jean-Baptiste Massé, Elzéar Pin, Victor Schœlcher) et quatre députés (Louis Greppo, Noël Madier de Montjau, Martin Nadaud et Alexandre Dethou)54.

Jusqu'à sa mort, en 1885, il reste une des figures tutélaires de la république retrouvée — en même temps qu'une référence littéraire incontestéenote 8. Il décède le 22 mai 188555, dans son hôtel particulier « La Princesse de Lusignan », qui était situé à la place de l'actuel 124 avenue Victor-Hugo. Selon la légende, ses derniers mots sont : Ceci est le combat du jour et de la nuit... Je vois de la lumière noire56 ». Conformément à ses dernières volontésnote 9, c'est dans le « corbillard des pauvres » qu'a lieu la cérémonie. Il est d'abord question du Père Lachaise, mais le premier juin, suite au décret du 26 mai 1885, il est finalement conduit au Panthéon, la jeune Troisième République profitant de cet évènement57 pour retransformer l'église Sainte-Geneviève en Panthéon. Avant son transfert, son cercueil est exposé une nuit sous l'Arc de triomphe voilé obliquement par un crêpe noir ; des cuirassiers à cheval veillent toute la nuit le catafalque surmonté des initiales VH, selon l'ordonnancement de Charles Garnier58. On considère que plus d'un million de personnes et 2 000 délégations se sont déplacées pour lui rendre un dernier hommage59 , le cortège vers le Panthéon s'étire sur plusieurs kilomètres60. Il est alors l'écrivain le plus populaire de son temps (et le demeure61) ; il est déjà depuis plusieurs décennies considéré comme l'un des monuments de la littérature française62.



Signature
L'ensemble des écrits de Victor Hugo (triés et organisés par ses exécuteurs testamentaires Paul Meurice et Auguste Vacquerie63) a été publié chez Jean-Jacques Pauvert et représente presque quarante millions de caractères réunis en 53 volumes.



« L'ensemble de mon œuvre fera un jour un tout indivisible. [...]. Un livre multiple résumant un siècle, voilà ce que je laisserai derrière moi64 »

Victor Hugo a pratiqué tous les genres : roman, poésie, théâtre, essai, etc. — avec une passion du Verbe, un sens de l'épique et une imagination féconde65. Écrivain et homme politique, Victor Hugo n'a jamais cherché à opérer une distinction entre son activité d'écrivain et son engagement66. Ainsi mélange-t-il intimement, dans ses œuvres de fiction, développement romanesque et réflexion politique67.

Romancier

Romancier inclassable

Hugo a laissé neuf romans. Le premier, Bug-Jargal a été écrit à seize ans ; le dernier, Quatrevingt-treize, à soixante-douze. L'œuvre romanesque a traversé tous les âges de l'écrivain, toutes les modes et tous les courants littéraires de son temps, sans jamais se confondre totalement avec aucun ; en effet, allant au delà de la parodie, Hugo utilise les techniques du roman populaire en les amplifiant et subvertit les genres en les dépassant68 : si Han d'Islande, en 1823, Bug-Jargal, publié en 1826, ou Notre-Dame de Paris, en 1831, ressemblent aux romans historiques en vogue au début du XIXe siècle ils en dépassent le cadre ; Hugo n'est pas Walter Scott et, chez lui, le roman se développe vers l'épopée et le grandiosenote 10.

Cosette, illustration pour Les Misérables par Émile Bayard
Le Dernier Jour d'un condamné en 1829 et Claude Gueux en 1834 engagent une réflexion directement sociale, mais ils ne sont pas plus aisés à définir69. Pour Hugo lui-même, il faut distinguer «romans de faits et romans d'analyse». Ces deux derniers sont des romans à la fois historiques et sociaux, mais sont surtout des romans engagés dans un combat — l'abolition de la peine de mort — qui dépasse de loin le cadre de la fiction. On peut en dire autant des Misérables, qui paraît en 1862, en pleine période réaliste, mais qui lui emprunte peu de caractéristiques70. Ce succès populaire phénoménal embarrasse d'ailleurs la critique, car il louvoie constamment entre mélodrame populaire, tableau réaliste et essai didactique71.

De la même façon, dans Les Travailleurs de la mer (1866) et dans L'Homme qui rit (1869), Hugo se rapproche davantage de l'esthétique romantique du début du siècle, avec ses personnages difformes, ses monstres et sa Nature effrayante72 .

Enfin, en 1874, Quatrevingt-treize signe la concrétisation romanesque d'un vieux thème hugolien : le rôle fondateur de la Révolution française dans la conscience littéraire, politique, sociale et morale du XIXe siècle. Il mêle alors la fiction et l'histoire, sans que l'écriture ne marque de frontière entre les narrations73.

Œuvre de combat

Le roman hugolien n'est pas un « divertissement » : pour lui l'art doit en même temps instruire et plairenote 11 et le roman est presque toujours au service du débat d'idées. Cette constante traverse les romans abolitionnistes de sa jeunesse, elle se poursuit, dans sa maturité, au travers de ses nombreuses digressions sur la misère matérielle et morale dans Les Misérablesnote 12.

Poète ou romancier, Hugo demeure le dramaturge de la fatalité74 et ses héros sont, comme les héros de tragédie, aux prises avec les contraintes extérieures et une implacable fatalité ; tantôt imputable à la société (Jean Valjean ; Claude Gueux ; le héros du Dernier jour d'un condamné), tantôt à l'Histoire (Quatrevingt-treize) ou bien à leur naissance (Quasimodo). Le goût de l'épopée, des hommes aux prises avec les forces de la Nature, de la Société, de la fatalité, n'a jamais quitté Hugo75 ; l'écrivain a toujours trouvé son public, sans jamais céder aux caprices de la mode, et personne ne s'étonne qu'il ait pu devenir un classique de son vivant76.

Dramaturge

Hugo, croqué par Mérimée
Projet ambitieux

Le théâtre de Victor Hugo se situe dans un renouveau du genre théâtral initié par Madame de Staël, Benjamin Constant, François Guizot, Stendhal77 et Chateaubriand. Dans sa pièce Cromwell qu'il sait être injouable à son époque77(pièce de 6 414 vers et aux innombrables personnages), il donne libre cours à son idée du nouveau théâtre. Il publie conjointement une préface destinée à défendre sa pièce et où il expose ses idées sur le drame romantique : un théâtre « tout en un77 », à la fois drame historique, comédie, mélodrame et tragédie. Il se revendique dans la lignée de Shakespeare77, jetant un pont entre Molière et Corneille78. Il y expose sa théorie du grotesque qui se décline sous plusieurs formes79 : du ridicule au fantastique en passant par le monstrueux ou l'horrible. Victor Hugo écrit « Le beau n'a qu'un type, le laid en a mille »80. Anne Ubersfeld parle à ce sujet de l'aspect carnavalesque du théâtre hugolien81 et de l'abandon de l'idéal du beau77. Selon Victor Hugo, le grotesque doit côtoyer le sublime car ce sont les deux aspects de la vie82.

Lors de la création de ses autres pièces, Victor Hugo est prêt à de nombreuses concessions83 pour apprivoiser le public et le mener vers son idée du théâtrenote 13. Pour lui, le romantisme est le libéralisme en littérature84. Ses dernières pièces, écrites durant l'exil et jamais jouées de son vivant, sont d'ailleurs réunies dans un recueil au nom évocateur Théâtre en liberté. Le théâtre doit s'adresser à tous : l'amateur de passion, celui de l'action ou celui de la morale85note 14. Pour lui le théâtre a pour mission d'instruire, d'offrir une tribune pour le débat d'idées et de présenter « les plaies de l'humanité avec une idée consolante86 ».

Victor Hugo choisit de situer ses pièces principalement dans le XVIe siècle et le XVIIe siècle, se documente beaucoup avant de commencer à écrire87, présente souvent une pièce à trois pôles : le maître, la femme, le laid88 où se confrontent et se mélangent deux mondes : celui du pouvoir et celui des serviteursnote 15, où les rôles s'inversent (Ruy Blas, serviteur, joue le rôle d'un grand d'Espagne), où le héros se révèle faible et où le monstre a une facette attachantenote 16.

Victor Hugo reste attaché à l'alexandrin auquel il donne cependant, quand il le souhaite, une forme plus libre89 et rares sont ses pièces en prose (Lucrèce Borgia, Marie Tudor).

Accueil mitigé

Article détaillé : Bataille d'Hernani.

Victor Hugo, s'il possède d'ardents défenseurs de son théâtre comme Théophile Gautier, Gérard de Nerval, Hector Berlioz, Petrus Borel, etc90, a aussi rencontré de nombreuses difficultés dans la présentation de ses pièces.

La première est une opposition politique. Sa remise en question des représentants du pouvoir ne plaît pas, Marion de Lorme est interdite, le Roi s'amuse l'est aussi après sa première représentation, Les Ultras attaquent Ruy Blas91.

La seconde est la contrainte économique : il n'existe sur Paris que deux théâtres susceptibles de représenter le drame, le Théâtre Français et le théâtre de la Porte-Saint-Martin. Ces deux théâtres subventionnés ne roulent pas sur l'or et sont tributaires des subsides de l'État. Leurs directeurs hésitent à prendre des risques27. Victor Hugo se plaindra du manque de liberté qu'ils offrent92. C'est une des raisons qui lui font entreprendre l'aventure du théâtre de la Renaissance.

La troisième et la plus importante est une opposition du milieu artistique lui-même. Les artistes et les critiques de son époque sont pour beaucoup hostiles à la transgression des codes culturels que représente le théâtre de Victor Hugo. Ils approuvent les grandes pensées qui élèvent l'âme mais s'insurgent contre tout ce qui relève du grotesque, du vulgaire, du populaire ou du trivial93. Ils ne supportent pas tout ce qui est excessif, lui reprochent son matérialisme et son absence de morale94. Ils critiquent vigoureusement chaque pièce présentée et sont souvent à l'origine de leur arrêt prématuré. Le Roi s'amuse ne fut représenté qu'une seule foisnote 17, Hernani, pourtant forte de cinquante représentations à succès ne fut pas reprise en 1833, Marie Tudor n'est joué que 42 fois95, Les Burgraves sont un échec. Ruy Blas est un succès financier mais est boudé par la critique96. Seule Lucrèce Borgia peut être considérée comme un plein succès.

Devenir

Florence Naugrette fait remarquer que le théâtre de Victor Hugo a été peu joué dans la première moitié du XXe siècle97,98. Il est remis au goût du jour par Jean Vilar en 1954 qui monte successivement Ruy Blas et Marie Tudor. D'autres metteurs en scène suivent qui font revivre Lucrèce Borgia (Bernard Jenny), Les Burgraves et Hernani (Antoine Vitez), Marie Tudor (Daniel Mesguich), les pièces du Théâtre en liberté (L'Intervention, Mangeront-ils?, Mille Francs de récompense...) sont montées dans les années 1960 et continuent à l'être. On peut lire aujourd'hui l'ensemble de ce Théâtre en liberté dans l'édition qu'en a procurée Arnaud Laster99. Florence Naugrette souligne aussi les difficultés d'interprétation du théâtre hugolien, comment n'être ni grandiloquent, ni prosaïque, mais sans fausse pudeur, comment présenter le grotesque sans glisser vers la caricature et comment gérer l'immensité de l'espace scénique et rappelle le conseil de Jean Vilar : « jouer sans pudeur en faisant confiance au texte de Victor Hugo ».

Poète

Vers de jeunesse

À vingt ans, Hugo publie les Odes, recueil qui laisse déjà entrevoir, chez le jeune écrivain, les thèmes hugoliens récurrents : le monde contemporain, l'Histoire, la religion et le rôle du poète, notamment. Par la suite, il se fait de moins en moins classique, de plus en plus romantique, et Hugo séduit le jeune lecteur de son temps au fil des éditions successives des Odes (quatre éditions entre 1822 et 1828).

En 1828, Hugo réunit sous le titre Odes et Ballades toute sa production poétique antérieure. Fresques historiques, évocation de l'enfance ; la forme est encore convenue, sans doute, mais le jeune romantique prend déjà des libertés avec le mètre et la tradition poétique. Cet ensemble permet en outre de percevoir les prémices d'une évolution qui durera toute sa vie : le chrétien convaincu s'y montre peu à peu plus tolérant, son monarchisme qui se fait moins rigide et accorde une place importante à la toute récente épopée napoléonienne ; de plus, loin d'esquiver son double héritage paternel (napoléonien) et maternel (royaliste), le poète s'y confronte, et s'applique à mettre en scène les contraires (ce que l'on appelle l'antithèse hugolienne) pour mieux les dépasser :


« Les siècles, tour à tour, ces gigantesques frères,
Différents par leur sort, semblables en leurs vœux,
Trouvent un but pareil par des routes contraires100. »

Puis Hugo s'éloigne dans son œuvre des préoccupations politiques immédiates auxquelles il préfère — un temps — l'art pour l'art. Il se lance dans Les Orientales (l'Orient est un thème en vogue) en 1829, (l'année du Dernier jour d'un condamné).

Le succès est important, sa renommée de poète romantique assurée et surtout, son style s'affirme nettement tandis qu'il met en scène la guerre d'indépendance de la Grèce (le choix de présenter l'exemple de ces peuples qui se débarrassent de leurs rois n'est pas innocent dans le contexte politique français) qui inspira également Lord Byron ou Delacroix.

Première maturité

Dès les Feuilles d'automne (1832), les Chants du crépuscule (1835) Les Voix intérieures (1837), jusqu'au recueil les Rayons et les Ombres (1840), se dessinent les thèmes majeurs d'une poésie encore lyrique — le poète est une « âme aux mille voix » qui s'adresse à la femme, à Dieu, aux amis, à la Nature et enfin (avec les Chants du crépuscule) aux puissants qui sont comptables des injustices de ce monde.

Ces poésies touchent le public parce qu'elles abordent avec une apparente simplicité des thèmes familiers ; pourtant, Hugo ne peut résister à son goût pour l'épique et le grand. Ainsi, on peut lire, dès le début des Feuilles d'automne, les vers :


« Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte »

Créativité et puissance littéraire

À partir de l'exil commence une période de création littéraire qui est considérée comme la plus riche, la plus originale et la plus puissante de l'œuvre de Victor Hugo. C'est alors que naîtront certains de ses plus grands poèmesnote 18.

Les Châtiments sont des vers de combat qui ont pour mission, en 1853, de rendre public le « crime » du « misérable » Napoléon III : le coup d'État du 2 décembre. Prophète des malheurs qui attendent Napoléon III, exécuteur du neveu honni, Hugo s'y fait cruel, satirique, voire grossier (« pourceau dans le cloaque101 ») pour châtier « le criminel102 ». Mais Hugo se fait aussi poète de temps meilleurs comme dans Stella ; le poète prend alors des tons quasiment religieux. Quant à la forme des Châtiments, elle est d'une extrême richesse puisque Hugo recourt aussi bien à la fable, qu'à l'épopée, à la chanson ou à l'élégie, etc.

Quelques années plus tard, Hugo déclare, à propos des Contemplations qui paraissent en 1856 : « Qu'est-ce que les Contemplations ? — Les mémoires d'une âme103 ». Apothéose lyrique, marquée par l'exil à Guernesey et la mort (cf. Pauca Meae) de la fille adorée : exil affectif, exil politique : Hugo part à la découverte solitaire du moi et de l'univers. Le poète, tout comme dans les Châtiments, se fait même prophète, voix de l'au-delà, voyant des secrets de la vie après la mort et qui tente de percer les secrets des desseins divins. Mais, dans le même temps, les Contemplations, au lyrisme amoureux et sensuel, contient certains des plus célèbres poèmes inspirés par Juliette Drouet. Les Contemplations : œuvre multiforme donc comme il convient aux « mémoires d'une âmenote 19 ».

Enfin, la Légende des siècles, son chef-d'œuvre, synthétise l'histoire du monde en une grande épopée parue en 1859 ; « L'homme montant des ténèbres à l'Idéal104,105 », c'est-à-dire la lente et douloureuse ascension de l'humanité vers le Progrès et la Lumière106.

Place à part dans son siècle

Tantôt lyrique, tantôt épique, Hugo est présent sur tous les fronts et dans tous les genres: il a profondément ému ses contemporains, exaspéré les puissants et inspiré les plus grands poètes.

Ainsi que le rappelle Simone de Beauvoir : Son 79e anniversaire fut célébré comme une fête nationale : 600 000 personnes défilèrent sous ses fenêtres, on lui avait dressé un arc de triomphe. L'avenue d'Eylau fut peu après baptisée avenue Victor-Hugo et il y eut un nouveau défilé en son honneur le 14 juillet. Même la bourgeoisie s'était ralliée, [...]107.

Le témoin voyageur

Article détaillé : Victor Hugo en voyage.

Portrait sur la Colonne Victor Hugo108 à Waterloo, (Belgique)
Victor Hugo a beaucoup voyagé jusqu'en 1871. De ses voyages, il rapporte des carnets de dessins et des notes109,110. On peut ainsi citer le récit d'un voyage fait à Genève et dans les Alpes avec Charles Nodier111. Il part aussi chaque année pour un voyage d'un mois avec Juliette Drouet découvrir une région de France ou d'Europe et en revient avec notes et dessins49. De trois voyages sur le Rhin (1838, 1839, 1840), il rapporte un recueil de lettres, notes et dessins publié en 1842 et complété en 1845112. Pendant les années 1860, il traverse plusieurs fois le Grand-Duché de Luxembourg comme touriste, alors qu'il se rend sur le Rhin allemand (1862, 1863, 1864, 1865). De retour à Paris en 1871, il cesse de voyager109.

Dessinateur

Aux nombreux talents de l'écrivain, il faut ajouter le dessin. L'artiste n'a certes pas éclipsé le poète, mais on continue néanmoins de redécouvrir le travail pictural de Victor Hugo – auquel on a consacré de nombreuses et prestigieuses expositions au cours des vingt dernières années (lors du centenaire de sa mort, en 1985, « Soleil d'Encre » au Petit Palais et « Dessins de Victor Hugo » place des Vosges dans la maison qu'il habita sous la Monarchie de Juillet ; mais aussi, plus récemment, à New York, Venise, Bruxelles, ou Madrid).

En bon autodidacte, Hugo n'hésite pas à utiliser les méthodes les plus rustiques ou expérimentales : il mélange à l'encre le café noir, le charbon, la suie de cheminée, peignant du bout de l'allumette ou au moyen des barbes d'une plume.

Ses œuvres sont, en général, de petite taille et il s'en sert tantôt pour illustrer ses écrits (Les Travailleurs de la mer), tantôt pour les envoyer à ses amis pour le jour de l'an ou à d'autres occasions. Cet art, qu'il pratiquera toute sa vie, le divertit.

Au début, ses travaux sont de facture plutôt réaliste ; mais avec l'exil et la confrontation mystique du poète avec la mer, ils acquerront une dimension presque fantastiquenote 20,113.

Cette facette du talent d'Hugo n'échappera pas à ses contemporains et lui vaudra les louanges de, notamment, Charles Baudelaire : « Je n'ai pas trouvé chez les exposants du Salon la magnifique imagination qui coule dans les dessins de Victor Hugo comme le mystère dans le ciel. Je parle de ses dessins à l'encre de Chine, car il est trop évident qu'en poésie, notre poète est le roi des paysagistes114».

Victor Hugo et la photographie

Victor Hugo lisant devant un mur de pierre, par Auguste Vacquerie 1853 (?), Musée d'Orsay, Paris
Pendant l'exil à Jersey, Victor Hugo s'intéresse au médium de la photographie. Il collabore avec ses fils François-Victor et surtout Charles, ainsi qu'avec Auguste Vacquerie. Hugo leur délègue la partie technique, mais c'est lui qui met en scène les prises de vues. Ils produisent d'abord des daguerréotypes, puis des photographies d'après négatifs sur papier, portraiturant essentiellement le poète ou son entourage familial et amical. Ils prennent aussi des vues de Jersey, de Marine Terrace et de quelques dessins de Hugo.

Ces images (environ 350 œuvres), qui avaient valeur de souvenir ou de communication médiatique, furent diffusées dans le cercle des intimes ou au-delà, rassemblées en albums, insérées dans certains exemplaires des éditions originales de l'écrivain, mais n'ont jamais connues la diffusion commerciale d'abord envisagée par Victor Hugo115.

Sa pensée politique

À partir de 1849, Victor Hugo consacre un tiers de son œuvre à la politique, un tiers à la religion et le dernier à la philosophie humaine et sociale. La pensée de Victor Hugo est complexe et parfois déroutante. Il refuse toute condamnation des personnes et tout manichéisme, mais n'en est pas moins sévère pour la société de son temps. Au fur et à mesure, sa pensée politique va évoluer, quitter le conservatisme et se rapprocher du réformismenote 21,116.

Politique intérieure

s représentants représentés, caricature de Victor Hugo par Daumier, 1849, après l'élection de l'écrivain à l'Assemblée constituante
Dans sa jeunesse, Victor Hugo est proche du parti conservateur. Pendant la restauration, il soutient Charles X. En cela, il s'inscrit dans la ligne politique de Chateaubriand.

Lors de la Révolution française de 1848, Victor Hugo, pair de France, prend d'abord la défense de la monarchie (le président du Conseil Odilon Barrot, le charge de défendre l'idée d'une régence de la Duchesse d'Orléans). Une fois la république proclamée, Lamartine lui propose un poste de ministre (Instruction publique) dans le gouvernement provisoire de 1848, mais il refuse. Lors des élections d'avril 1848, bien que non candidat, il obtient près de 55 500 voix à Paris mais n'est pas élu. Par contre, aux élections complémentaires du 24 mai, il est élu à Paris avec près de 87 000 voix. Il siège avec la droite conservatrice. Pendant les Journées de Juin 1848, il mène des groupes de forces gouvernementales à l'assaut des barricades dans la rue Saint-Louis. Il vote la loi du 9 août 1848, qui suspend certains journaux républicains en vertu de l'état de siège. Ses fils fondent le journal L'Événement qui mène une campagne contre le président du conseil, le républicain Cavaignac, et soutiendra la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à l'élection présidentielle de 1848. Étant contre le principe de l'assemblée législative unique, il ne vote pas la Constitution de 1848. Au début de la présidence de Louis Napoléon Bonaparte, il fréquente le nouveau président. En mai 1849, il est élu à l'Assemblée législative. C'est à l'été 1849, que progressivement, il se détourne de la majorité conservatrice de l'Assemblée législative dont il désapprouve la politique réactionnaire. En janvier 1850, Victor Hugo combat la loi Falloux réorganisant l'enseignement en faveur de l'Église catholique romaine ; en mai, il combat la loi qui restreint le suffrage universel et, en juillet, il intervient contre la loi Rouher qui limite la liberté de la presse117. En juillet 1851, il prend position contre la loi qui propose la révision de la Constitution afin de permettre la réélection de Louis-Napoléon Bonaparte. En juin 1851, au palais de Justice de Paris, il défend son fils qui est poursuivi pour avoir publié un article contre la peine de mort dans son journal, L'Évènement118. Au soir du coup d'État du 2 décembre 1851, avec une soixantaine de représentants, il rédige un appel à la résistance armée119. Poursuivi, il parvient à passer en Belgique le 14 décembre. C'est le début d'un long exil.

Dès lors réformiste, il souhaite changer la société. S'il justifie l'enrichissement, il dénonce violemment le système d'inégalité sociale. Il est contre les riches capitalisant leurs gains sans les réinjecter dans la production : l'élite bourgeoise ne le lui pardonnera pas[réf. nécessaire]. De même, il s'oppose à la violence si celle-ci s'exerce contre un pouvoir démocratique, mais il la justifie (conformément d'ailleurs à la déclaration des droits de l'homme) contre un pouvoir illégitime. C'est ainsi qu'en 1851, il lance un appel aux armes120 — « Charger son fusil et se tenir prêt » — qui n'est pas entendu. Il maintient cette position jusqu'en 1870. Quand éclate la guerre franco-allemande, Hugo la condamne : il s'agit pour lui d'une guerre de « caprice121 » et non de liberté. Puis, l'Empire est renversé et la guerre continue, contre la République ; le plaidoyer de Hugo en faveur de la fraternisation reste sans réponse. Alors, le 17 septembre, le patriote prend le pas sur le pacifiste : il publie cette fois un appel à la levée en masse et à la résistance. Les élections du 8 février 1871 portent au pouvoir les monarchistes partisans de la paix avec Bismarck. Le peuple de Paris, quant à lui, refuse la défaite et la Commune commence le 18 mars ; on s'arrache les Châtiments.

Commune

En accord avec lui-même, Hugo ne pouvait être communard :


Ce que représente la Commune est immense, elle pourrait faire de grandes choses, elle n'en fait que des petites. Et des petites choses qui sont des choses odieuses, c'est lamentable. Entendons-nous, je suis un homme de révolution. J'accepte donc les grandes nécessités, à une seule condition : c'est qu'elles soient la confirmation des principes et non leur ébranlement. Toute ma pensée oscille entre ces deux pôles : « civilisation-révolution ». La construction d'une société égalitaire ne saurait découler que d'une recomposition de la société libérale elle-même122.

Il ne soutient pas non plus la réaction d'Adolphe Thiers. Ainsi, Victor Hugo défend la grâce du jeune officier protestant devenu Ministre de la guerre de la Commune Louis-Nathaniel Rossel face à Adolphe Thiers. Un jeune homme qu'il estime et juge différent des autres communards. Devant la répression qui s'abat sur les communards, le poète dit son dégoût :


Des bandits ont tué soixante-quatre otages. On réplique en tuant six mille prisonniers123 !

Combats sociaux

Victor Hugo a pris des positions sociales très tranchées, et très en avance sur son époque. Son chef d'œuvre, Les Misérables est un hymne à la misère et aux plus démunis.

Question sociale

Dénonçant jusqu'à la fin la ségrégation sociale, Hugo déclare lors de la dernière réunion publique qu'il préside : « La question sociale reste. Elle est terrible, mais elle est simple, c'est la question de ceux qui ont et de ceux qui n'ont pas ! ». Il s'agissait précisément de récolter des fonds pour permettre à 126 délégués ouvriers de se rendre au premier Congrès socialiste de France, à Marseille.

Peine de mort

Hugo est un farouche abolitionniste. Dans son enfance, il a assisté à des exécutions capitales et toute sa vie, il luttera contre. Le Dernier Jour d'un condamné (1829) et Claude Gueux (1834), deux romans de jeunesse, soulignent à la fois la cruauté, l'injustice et l'inefficacité du châtiment suprême. Mais la littérature ne suffit pas, Hugo le sait. Chambre des Pairs, Assemblée, Sénat : Victor Hugo saisira toutes les tribunes pour défendre l'abolition comme dans son discours du 15 septembre 1848 devant l'Assemblée nationale constituante):


La peine de mort est le signe spécial et éternel de la barbarie.

Discours

Victor Hugo (vers 1875)
Victor Hugo a prononcé pendant sa carrière politique plusieurs grands discours ; la plupart d'entre eux sont regroupés dans Actes et paroles :
Pour la Serbie, 1876, Pour une Fédération Européenne124 125;
contre le travail des enfants (Chambre des pairs, 1847) ;
contre la misère (Discours sur la misère, 9 juillet 1849) ;
sur la condition féminine (aux obsèques de George Sand, 10 juin 1876) ;
contre l'enseignement religieux et pour l'école laïque et gratuite (Discours à propos du projet de loi sur l'enseignement, 15 janvier 1850 Lire en ligne., et extraits Lire ici.) ;
plusieurs plaidoyers contre la peine de mort (Que dit la loi ? « Tu ne tueras pas ». Comment le dit-elle ? En tuant !) ;
plusieurs discours en faveur de la paix (Discours d'ouverture du Congrès de la paix, 21 août 1849) ; lettre en 1861 contre le pillage de l'ancien palais d'été par les Français et les Anglais lors de la seconde guerre de l'opium126 ;
pour le droit de vote universel ;
sur la défense du littoral127 ;
contre l'invalidation de l'élection de Garibaldi à l'Assemblée nationale en 1871, qui fut à l'origine de sa propre démission (Contre l'invalidation de Garibaldi, Discours à l'Assemblée nationale, 8 mars 1871, Grands moments d'éloquence parlementaire).

États-Unis d'Europe

Buste de Hugo à l'Assemblée Nationale avec extrait de son discours de 1849.
Victor Hugo a fréquemment défendu128 l'idée de la création des États-Unis d'Europe. Ainsi, dès 1849, au congrès de la paix, il lance :



« Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France !129 »

Victor Hugo conçoit une Europe axée sur le Rhin, lieu d'échanges culturels et commerciaux entre la France et Allemagne qui serait le noyau central de ces États-Unis d'Europenote 22. Il présente une Europe des peuples par opposition à l'Europe des rois, sous forme d'une confédération d'États avec des peuples unis par le suffrage universel et l'abolition de la peine de mort130.

L'idée n'est pas neuve, elle fut défendue avant lui par Saint-Simon, Guizot et Auguste Comte131,130 mais Victor Hugo en fut un de ses plus ardents défenseurs à une époque où l'histoire s'y prête peu. Considéré comme visionnaire ou fou131, Victor Hugo reconnaît les obstacles qui entravent cette grande idée et précise même qu'il faudra peut-être une guerre ou une révolution pour y accéder132.

Colonisation et esclavage

Article détaillé : Victor Hugo et la conquête de l'Algérie.

Victor Hugo s'est peu exprimé sur la question de la colonisation de l'Algérie, qui a constitué pourtant la principale aventure coloniale de la France de son époque. Ce silence relatif ne doit pourtant pas être trop rapidement assimilé à un acquiescement de la part de l'auteur des Misérables. En effet, si Hugo a été sensible aux discours légitimant la colonisation au nom de la « civilisation133 », une analyse attentive de ses écrits - et de ses silences - montre qu'à propos de la « question algérienne » ses positions furent loin d'être dénuées d'ambiguïtés : sceptique à l'égard des vertus civilisatrices de la « pacification » militaire, il devait surtout voir dans l'Algérie colonisée le lieu où l'armée française s'est « faite tigre », et où les résistants au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte ont été déportés134.

Sur la question de l'esclavage, celui qui, dans les années 1820, montrait à travers Bug-Jargal qu'il partageait dans sa vision des peuples noirs les mêmes préjugés que ses contemporains, et qui garda un silence étonnant lors de l'abolition de l'esclavage en 1848135, devait intervenir pour demander la grâce de l'abolitionniste américain John Brown136

Droit d'auteur

Victor Hugo fut tenant du droit d’auteur et de la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques tout en reconnaissant l'importance de l'accès de tous au savoir :



« Le livre, comme livre, appartient à l’auteur, mais comme pensée, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l’un des deux droits, le droit de l’écrivain et le droit de l’esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l’écrivain, car l’intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous137. »

Convictions religieuses

Selon Alain Decaux138, Victor Hugo, élevé par un père franc-maçon et une mère qui n'est jamais entrée dans une église, se construit une foi profonde mais personnelle.

Victor Hugo n'a jamais été baptisé, a tenté l'expérience d'un confesseur, mais finit sa vie en refusant l'oraison des églises. Il reproche à l'Église le carcan dans laquelle celle-ci enferme la foi. Alain Decaux cite138, à ce sujet, cette phrase prononcée par Olympio: « Les dogmes et les pratiques sont des lunettes qui font voir l’étoile aux vues courtes. Moi je vois Dieu à l’œil nu ». Son anticléricalisme transparaît dans ses écrits comme Religions et religion139, La fin de Satan, Dieu, Le pape, Torquemada, ainsi que dans son adhésion à des mouvements anticléricaux140.

Victor Hugo reste cependant profondément croyant, il croit en un Dieu souffrant et compatissant141, en un Dieu force infinie créatrice de l'univers138, et à l'immortalité de l'âme. La mort de Léopoldine provoque un regain dans sa quête de spiritualité138 et lui inspire les Contemplations.

La quête spirituelle de Victor Hugo l'entraîne à explorer d'autres voies que le catholicisme. Il lit le Coran138, s'intéresse au druidisme, critique les religions orientales142 et expérimente le spiritisme. Comme Balzac et malgré les nombreuses différences entre les visions du monde et de la littérature des « deux plus grands hommes du temps »143, Hugo considère que le principe swedenborgien de correspondance unit l'esprit et la matière144.

Victor Hugo se trouve en exil sur l'île de Jersey lorsque son amie Delphine de Girardin, qui se sait condamnée, l'initie en 1853 aux tables tournantes. Cette pratique issue du spiritualisme anglo-saxon, vise à tenter d'entrer en communication avec les morts. Hugo, pour qui les poètes sont également des voyants, est ouvert à ce genre de phénomènes. Ces expériences sont consignées dans Le Livre des tables. Durant deux ans, ses proches et lui interrogent les tables, s'émeuvent à l'idée de la présence possible de Léopoldine et enregistrent des communications d'esprits très divers, dont Jésus, Caïn, Dante, Shakespeare ainsi que des entités telles la Mort, la Bouche d'Ombre, Le Drame ou la Critique. S'ébauche ainsi une nouvelle religion dépassant le christianisme et englobant la métempsycose145. Selon le docteur Jean de Mutigny, ces séances presque quotidiennes de tables tournantes révèlent une paraphrénie fantastique qui se retrouve dans les œuvres ultérieures de Victor Hugo, notamment le poème Ce que dit la bouche d'ombre des Contemplations146.

Par la suite, Victor Hugo affiche ses convictions concernant la survie de l'âme en déclarant publiquement : Ceux que nous pleurons ne sont pas les absents, ce sont les invisibles147 . Lors de l'enterrement de l'écrivain, cette phrase est inscrite sur une couronne de fleurs portée par une délégation de la Société Scientifique du Spiritisme qui considérait que Victor Hugo en avait été un porte-parole148. Mais l'expérience spirite n'a été qu'un moment dans la quête par Hugo d'une vérité et ce moment a été dépassé[réf. nécessaire] par d'autres recherches[Lesquelles ?] « à la poursuite du vrai ».

Son testament, lapidaire, se lit comme une profession de foi :



Je donne cinquante mille francs aux pauvres.
Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard.
Je refuse l'oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes.
Je crois en Dieu148.

Hugo et ses contemporains

Estimé par certains et critiqué par d'autres, Victor Hugo reste une figure de référence de son siècle149.

Temps des rivaux

Admirateur de Chateaubriand à qui il dédie plusieurs odes150, il se détache peu à peu de son ancien maître qui lui reproche une littérature subversive151. Il entretient des relations d'estime et d'admiration mutuelles avec Balzac (un peu de méfiance, l'ego des grands créateurs y pourvoit), Nerval144 et Vigny152 et des relations d'amitié avec Dumas, son compagnon de romantisme, qui dureront, avec beaucoup de hauts et quelques bas, toute la vie153. La rivalité est plus exacerbée avec Lamartine, auquel Hugo ne cesse de proclamer son admiration mais ne lui concède plus, le succès venant, de réelle prééminence artistique154 et avec Musset qui lui reproche ses artifices et son engagement politique155.

Il détient en Barbey d'Aurevilly156, Gustave Planche157, et Sainte-Beuve à partir de 1835158, des adversaires tenaces et constants, dans les frères Goncourt des lecteurs très critiques159 et en George Sand une commentatrice très perspicace160. Mais il possède en Théophile Gautier un admirateur inconditionnel161 que Victor Hugo soutiendra jusqu'à sa mort162.

Les relations sont plus conflictuelles avec les admirateurs de la première heure, que Victor Hugo déçoit parfois par la suite et qui alternent éloges et critiques : Baudelaire163, Flaubert164... D'autres revendiquent leur filiation avec Victor Hugo tout en empruntant des voies qui leur sont propres, se détachant même du romantisme : Théodore de Banville165, Leconte de Lisle166, Mallarmé167, Verlaine168...

L'étiquette d'auteur engagé que lui vaut son exil participe à sa notoriété, mais lui aliène l'estime de poètes comme Baudelairenote 23, et provoque sa rupture avec Vigny, fidèle à l'empereur169.

Statue du commandeur

Victor Hugo par Rodin
Quand il retourne en France après l'exil, il est considéré comme le grand auteur qui a traversé le siècle et comme un défenseur de la république170. Les monarchistes ne pardonnent pas facilement à celui qui a trahi son milieu et si les républicains les plus à gauche doutent de sa conversion, il devient cependant un enjeu politique, adulé par la gauche républicaine qui organise pour l'anniversaire de ses 79 ans, un grande fête populaire171. Les jeunes poètes continuent de lui envoyer leurs vers – tandis que d'autres se montrent volontiers irrévérencieux.


« Hugo : l'Homme apocalyptique,
L'Homme-Ceci-tûra-cela,
Meurt, gardenational épique ;
Il n'en reste qu'un — celui-là — »
– Tristan Corbière, « Un jeune qui s'en va », Les Amours jaunes (1873)

Ce culte hugolien exaspère ses pairs. Paul Lafargue écrit en 1885 son pamphlet La légende de Victor Hugo et Zola s'exclame :


Victor Hugo est devenu une religion en littérature, une sorte de police pour le maintien du bon ordre [...]. Être passé à l'état de religion nécessaire, quelle terrible fin pour le poète révolutionnaire de 1830.172

Postérité

Statue par Laurent Marqueste, cour d'honneur de la Sorbonne.
Au XXe siècle

Au début du XXe siècle, Victor Hugo reste une gloire nationale et l'anniversaire de sa naissance donne lieu à de nombreuses manifestations officielles173. Le milieu artistique a cependant pris un peu ses distances. Le mouvement parnassien et le mouvement symboliste, en remettant en cause l'éloquence dans la poésie, se sont posés en adversaires de l'école de Hugo174 et la mode en ce début de siècle est à une poésie moins passionnée175. La phrase d'André Gide, « Victor Hugo hélas », en réponse à la question « Quel est votre poète ? » à un questionnaire sur « les poètes et leur poète176 », montre la double attitude des poètes du XXe siècle, reconnaissant à Victor Hugo une place prééminente parmi les poètes, mais exaspérés parfois aussi par ses excès177. Charles Péguy, dans Notre patrie publié en 1905, n'est pas tendre envers le grand homme178, l'accusant d'être un « hypocrite pacifiste »179, disant de lui que « Faire des mauvais vers lui est complètement égal »180 mais plus loin s'exclamant « quels réveils imprévus, quel beau vers soudain »180 et parlant d'« entraînement formidable de l'image et du rythme »181. Saint-John Perse lui reproche d'avoir perverti le romantisme par son engagement politique182. On retrouve de son influence aussi bien chez des admirateurs comme Dostoïevski183 que chez de violents détracteurs comme Jean Cocteau184. Vers 1930, Eugène Ionesco écrit le pamphlet Hugoliade et reproche à Hugo une éloquence masquant la poésie ainsi que sa mégalomanie185.

Entre les deux guerres, c'est en sa qualité de révolutionnaire qu'il est apprécié par les gens de gauche (Romain Rolland, Alain) et exécré des réactionnaires (Charles Maurras186), c'est en sa qualité de visionnaire qu'il est apprécié des surréalistes175. Il est admiré par Aragon187, par Desnos188.

Durant la guerre, son image sert de porte-drapeau à la résistance189,175.

Au retour de la guerre, les passions s'assagissent, on découvre l'homme. François Mauriac déclare, en 1952 : « Il commence à peine à être connu. Le voilà au seuil de sa vraie gloire. Son purgatoire est fini190. » Henri Guillemin publie une biographie très nuancée de l'écrivain175. Jean Vilar popularise son théâtre. Victor Hugo est désormais adapté au cinéma, au théâtre et pour la jeunesse. Le centenaire de sa mort est fêté en grande pompe191.


POUR ELSA

citation

« C'EST UNE TRISTE CHOSE DE PENSER QUE LA NATURE PARLE ET QUE LE GENRE HUMAIN N'ECOUTE PAS...» (Victor HUGO)

sources internet


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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptySam 23 Juin 2012 - 22:00

et voilà pour les nouveaux poemes de Pascale et Elsa.
merci à toutes les deux de venir rejoindre les copains sur ce post afin d'illustrer le nom du jardin : des POETES.

il reste encore plein d'ardoises à remplir et sur le post, il y a plien de place aussi.

par la suite, je mettrai aussi les photos des ardoises côté poeme qd les plants se verront de l'arrière

bisou1
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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyMar 3 Juil 2012 - 21:57

Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine (né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, et mort le 13 avril 1695 à Paris) est un poète français de la période classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.

Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.

C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, parfois plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.
Jean de La Fontaine passe ses premières années à Château-Thierry dans l'hôtel particulier que ses parents, Charles de La Fontaine, Maître des Eaux et Forêts et Capitaine des Chasses du duché de Château-Thierry, et Françoise Pidoux, fille du bailli de Coulommiers, ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676. Classée monument historique en 1886, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean de La Fontaine1.

Années de formation (1641-1658)

On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec. En 1641, il entre à l’Oratoire. Mais dès 1642, il quitte cette carrière religieuse, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que Saint Augustin.

Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris.

Entre temps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart, à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart, lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit. Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi. Elle lui donne un fils, Charles. Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes : « Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié . C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin2. ».

Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.

En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revendit intégralement en 1672. C’est ainsi qu’il amorce une carrière de poète par la publication d’un premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue.

Au service de Fouquet (1658-1663)

En 1658, il entre au service de Fouquet, Surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat - une « pension poétique » - il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV ; La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on ne dispose de témoignages clairs à ce sujet. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 est un exil ordonné par l’administration Louis XIV, ou une décision librement consentie d’accompagner l'oncle Jannart de sa femme, lui exilé et qui lui a présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un Voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux originaire de ce lieu de s'imaginer une affiliation avec ce poète pour qui l'écrivain noue une grande passion.

L’apogée de l’activité littéraire (1664-1679)

En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme - ce qui assure son anoblissement. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.

Deux recueils de contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent Nouvelles Nouvelles. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668.

En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique - cette fois tiré d’Apulée - et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.

C’est à partir de la fiction des « quatre amis » que met en scène ce roman qu’on a spéculé sur l’amitié qui unirait La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, sans grande preuve : si La Fontaine est lié de façon éloignée à la famille de Racine, leurs relations sont épisodiques ; les rapports avec Molière ne sont pas connus si tant est qu’ils existent ; quant à Boileau, il n’y a guère de trace d’une telle amitié.

Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.

En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673.

En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin (Lully était originaire de Florence).

La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié - mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique qui rendait relativement inoffensive leur charge.

Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.

Les années 1680, autour de l’Académie

Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un « Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.

L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse ».

L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.

C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.

Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage ».

Les dernières années et les dernières fables (1689-1695)

Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne.

La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies Irae, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.

Il meurt le 13 avril 1695, et est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents. On trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Sa dépouille sera transférée en 1817 avec celle de Molière au cimetière du Père-Lachaise.

La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe3, où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :


Jean s'en alla comme il étoit venu,
Mangeant son fonds après son revenu ;
Croyant le bien chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
Deux parts en fit, dont il souloit passer
L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.

Chronologie

1617 : Mariage des parents du fabuliste. Charles de La Fontaine, d’origine champenoise, et Françoise Pidoux, d’origine poitevine. Assassinat de Concini et fin de la régence de Marie de Médicis.

1621 : Le 8 juillet, Jean de La Fontaine est baptisé à Château-Thierry, où il est né le jour même ou la veille dans l’hôtel particulier de ses parents. Son père porte le titre de « Conseiller du Roi et Maître des Eaux et Forêts du duché de Chaury » (Château-Thierry). Il est aussi capitaine des chasses. Soulèvements protestants ; mort de Charles d'Albert, duc de Luynes.

1623 : Le 26 septembre, baptême de Claude, frère du fabuliste. Publication à Paris de l’Adonis du Cavalier Marin, avec préface de Jean Chapelain. Procès de Théophile de Viau.

1624 : Richelieu devient chef du Conseil du roi.

1627 : Publication des deux derniers volumes d’Astrée.

1628 : Mort de Malherbe.

Vers 1630 : Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement les commence-t-il au collège de Château-Thierry, établissement réputé, pour aller vers 1635 les achever dans un collège parisien, où il a Antoine Furetière pour condisciple.

1633 : Le 26 avril, baptême de Marie Héricart, fille du lieutenant civil et criminel au bailliage de La Ferté-Milon, apparenté à la famille Sconin-Racine.

1636 : Naissance de Boileau. Le Cid de Corneille.

1637 : Discours de la méthode de Descartes.

1639 : Naissance de Racine.

1641 : La Fontaine entre à la maison mère de l’Oratoire à Paris le 27 avril, puis se rend peut-être à Juilly et revient à Paris à la maison de Saint-Magloire pour étudier la théologie. Son frère Claude le rejoint à l’Oratoire.

1642 : La Fontaine quitte l’Oratoire, au bout de 18 mois. Mort de Richelieu.

1643 : La Fontaine est rentré à Château-Thierry. Sa vocation poétique s’éveille alors, semble-t-il. Le 15 mai, mort de Louis XIII. Le 19 mai, victoire de Rocroi.

Vers 1646 : La Fontaine vient étudier le Droit à Paris ; il acquiert le titre d’avocat en la Cour du Parlement. Avec d’autres jeunes poètes, habitués du Palais, il fait partie d’une petite académie littéraire et amicale dite de la "Table Ronde". Ces palatins sont Pellisson, Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Il fait la connaissance d’autres hommes de lettres: Conrart, Chapelain, Patru, Perrot d’Ablancourt, les Tallemant, Antoine de La Sablière…

1647 : Le 10 novembre, signature du contrat de mariage entre le poète et Marie Héricart à la Ferté-Milon. "Son père l’a marié, et lui l’a fait par complaisance"4. La mère du poète, vivante en 1634, est morte à la date du contrat. En avril, Maucroix avait acheté une prébende de chanoine à Reims. Il restera l’ami de La Fontaine jusqu’à la mort de celui-ci. Gassendi : De Vita et Moribus Epicuri.

1649 : Claude, confrère de l’Oratoire, renonce en faveur de Jean à sa part d’héritage, moyennant pension. La fronde a éclaté en 1648.

1652 : La Fontaine achète la charge de Maître particulier triennal des Eaux et Forêts.

1653 : En août, vente d’une propriété sise à Oulchy-le-Château. Le 30 octobre, baptême à Château-Thierry du fils de La Fontaine, Charles, qui a Maucroix pour parrain. Le père ne s’occupera jamais beaucoup de son fils. Fin de la Fronde.

1654 : En août, première œuvre publiée de La Fontaine : l’Eunuque, comédie en vers imitée de Térence.

1658 : Mort du père de La Fontaine, qui laisse à son fils ses charges, peu lucratives et une succession embrouillée comportant de lourdes dettes. Par mesure de prudence, La Fontaine et sa femme demandent la séparation de biens. Le ménage lui-même n’est guère uni, par la faute probable du poète, mari indifférent. Après juin, La Fontaine offre à Fouquet son Adonis. Jannart, oncle de Marie Héricart, est substitut de Fouquet au Parlement et Pellisson, ami de La Fontaine, est au service du surintendant.

1659 : Jusqu’en 1661, La Fontaine va recevoir de Fouquet une pension en espèces, moyennant une "pension poétique". Il doit aussi composer un ouvrage en l’honneur de Vaux-le-Vicomte : il entreprend le Songe de Vaux. Il habite tantôt à Paris, chez Jannart, avec sa femme, tantôt à Château-Thierry pour les devoirs de ses charges, mais il fréquente le château de Fouquet, se lie avec Charles Perrault, Saint-Evremond, Madeleine de Scudéry. Paix des Pyrénées.

1660 : Les Rieurs de Beau Richard sont joués au carnaval de Château-Thierry. Dans cette ville existe une Académie à laquelle s’intéresse La Fontaine et encore plus sa femme. En 1660-1661, La Fontaine se lie avec Racine débutant, cousin de Marie Héricart. En juin, mariage du roi. En août, entrée de la reine Marie-Thérèse à Paris.

1661 : Le 17 août, fête de Vaux, au cours de laquelle La Fontaine assiste à la première représentation des Fâcheux par Molière. Le 5 septembre, arrestation de Fouquet à Nantes. La Fontaine tombe gravement malade. Guéri, il revient à Château-Thierry, où il est poursuivi par un traitant en usurpation de noblesse. Début de construction de Versailles.

1662 : Environ en mars, publication anonyme de l’Élégie aux Nymphes de Vaux. Août : le Duc de Bouillon, seigneur de Château-Thierry épouse Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin. La Fontaine devient "gentilhomme servant" de la Duchesse Douarière d'Orléans au Luxembourg, mais il loge toujours chez Jannart. Le 10 décembre, achevé d'imprimer les Nouvelles en vers, contenant les deux premiers Contes de La Fontaine.

1665 : Le 10 janvier, achevé d'imprimer des Contes et Nouvelles en vers. Le 30 juin, achevé d'imprimer d’une traduction de la Cité de Dieu de Saint Augustin, dont les citations poétiques ont été rendues en vers français par La Fontaine ; le deuxième tome paraîtra en 1667.

1669 : Les Amours de Psyché et Cupidon, roman suivi de l'Adonis, imprimé pour la première fois.

1671 : Le 21 janvier, La Fontaine quitte ses charges rachetées par le Duc de Bouillon, et perd cette source de revenus. Publication du Recueil de Poésies Chrétiennes et Diverses, dédié à Monseigneur le Prince de Conti. La Fontaine a beaucoup contribué à la préparation de ce recueil janséniste (achevé d'imprimer le 20 décembre 1670). Le 27 janvier, Troisième partie des Contes. Le 12 mars : Fables nouvelles et autres poésies (huit fables). En janvier a été représentée la Psyché de Molière et Corneille, Quinault et Lulli, inspirée du roman de La Fontaine.

1672 : Mort de la Duchesse Douarière d'Orléans. La Fontaine perd ainsi sa dernière charge. Publication séparée de deux fables Le Soleil et les Grenouilles, Le Curé et le mort. Invasion de la Hollande. Discours de la connaissance des bêtes par P. Pardies.

1673 : C'est sans doute à partir de 1673 que Marguerite de La Sablière héberge Jean de La Fontaine. Jusqu’à ce qu'elle meure en 1693, elle pourvoira à ses besoins. Dans son hôtel, il peut rencontrer Charles Perrault, Bernier, médecin et disciple de Gassendi, qui a longuement séjourné en Inde, et bon nombre de savants tels que Roberval et Sauveur. Publication du Poème de la Captivité de Saint Malc, sujet sans doute suggéré par des amis jansénistes. Le 17 février, mort de Molière, pour qui La Fontaine rédige une épitaphe.

1674 : La protection de Madame de Montespan et de sa sœur Madame de Thianges vaut à La Fontaine la mission d'écrire un livret d'opéra sur Daphné, pour Lully, qui le refuse : d'où la satire du Florentin, restée manuscrite pendant 17 ans. Publication des Nouveaux Contes, très licencieux. Epîtres, à Turenne, membre de la famille de Bouillon, qui tient personnellement La Fontaine en amitié. En juillet, l'Art poétique de Boileau n'accorde aucune mention à la fable, ni à La Fontaine.

1675 : Interdiction de la vente des Nouveaux Contes par ordonnance de La Reynie, lieutenant de police. Le 27 juillet, Turenne est tué à la bataille de Salzbach. Bernier publie l'Abrégé de la Philosophie de Gassendi.

1676 : La Fontaine vend à son cousin Antoine Pintrel sa maison natale et achève de payer les dettes paternelles.

1677 : La Duchesse de Bouillon, protectrice de La Fontaine et son frère le Duc de Nevers cabale contre la Phèdre de Racine.

1678-1679 : Nouvelle édition des Fables choisies, dédiées à Madame de Montespan. La paix de Nimègue (août 1678) est célébrée par La Fontaine dans plusieurs pièces.

1680 : Exil à Nérac de la Duchesse de Bouillon compromise dans l'affaire des poisons. Mort de La Rochefoucauld. Mort de Fouquet à Pignerol. Conversion de Marguerite de La Sablière qui, veuve, ayant marié ses trois enfants, abandonnée par La Fare, son amant, se consacre au soin des malades et va loger rue Saint Honoré, elle installe La Fontaine près de sa nouvelle demeure.

1681 : Le 1er août, achevé d'imprimer des Épîtres de Sénèque (les lettres à Lucilius) traduites par Pierre Pintrel, cousin de La Fontaine qui lui-même a traduit en vers les citations poétiques et qui a fait publier l'ouvrage.

1682 : En janvier, Poème du Quinquina, dédié à la Duchesse de Bouillon, suivi de deux contes, de Galatée, et de Daphné, livrets d'opéra. Vers cette époque, La Fontaine entreprend un tragédie, Achille, restée inachevée. Naissance du Duc de Bourgogne.

1683 : Le 6 mai, première représentation à la Comédie Française, du Rendez-vous comédie de La Fontaine qui n'a aucun succès et dont le texte est perdu. Le 6 septembre, mort de Colbert. La Fontaine brigue son siège à l'Académie française, alors que Louis XIV souhaite voir élire Boileau, son historiographe. Le 15 novembre, l'Académie, en majorité hostile au satirique, propose La Fontaine par seize voix contre sept. La séance a été agitée, en raison de la colère manifestée par Toussaint Rose, secrétaire du roi. Louis XIV en prend prétexte pour refuser l'autorisation de "consommer" l'élection.

1684 : Le 17 avril, Boileau est élu à l'unanimité ; le roi accorde l'autorisation de recevoir La Fontaine. Le 2 mai, réception du fabuliste, lecture du Discours à Madame de La Sablière. La Fontaine écrit La Comparaison d'Alexandre, de César et de Monsieur le Prince (de Condé), à la demande du Prince de Conti. Condé lui-même estime La Fontaine et le voit volontiers à Chantilly. Mort de Corneille.

1685 : En janvier, l'Académie exclut Furetière, coupable d'avoir obtenu par surprise un privilège pour son Dictionnaire, achevé avant celui de l'Académie. La Fontaine vote l'exclusion et subit les virulentes attaques de son ancien ami, auquel il réplique par des épigrammes. Le 28 juillet, achevé d'imprimer des Ouvrages de Prose et de Poésie des Seigneurs de Maucroix et de La Fontaine en deux volumes, dont le premier contient de nouveaux contes, et le second de nouvelles fables et d’autres pièces. Révocation de l’Edit de Nantes. Mort du Prince Louis-Armand de Conti.

1686 : Mort de Condé. Ligue d’Ausbourg. Perrault lit son poème du Siècle de Louis Le Grand, protestation de Boileau. La Querelle des Anciens et des Modernes éclate. En février, l’Epître à Huet est imprimé en plaquette à tirage restreint. En juillet, Marie-Anne, Duchesse de Bouillon, doit se réfugier en Angleterre auprès de sa sœur Hortense, amie de Saint-Evremond. Correspondance suivie de La Fontaine avec eux et quelques amis du groupe de Londres, qui comprend, entre autres, les diplomates Bonrepaux et Barrillon.

1688 : Marguerite de La Sablière se retire aux Incurables mais continue à assurer le logement de La Fontaine. Le poète devient le familier du Prince François-Louis de Conti, dans le milieu très libre du Temple des Vendôme, chez qui il retrouve Chaulieu. Il chaperonne un moment la scandaleuse Madame Ulrich. Les caractères de la Bruyère; le portrait de La Fontaine n’y entrera qu’à la 6e édition, en 1691.

1691 : Le 28 novembre, première représentation à l’Opéra d’Astrée, tragédie lyrique de La Fontaine, avec musique de Colasse, gendre de Lulli : échec complet.

1692 : En décembre, gravement malade, La Fontaine est converti par l’abbé Pouget, jeune vicaire de St Roch.

1693 : Le 12 février, il renie les Contes devant une délégation de l’Académie et reçoit le viatique. Il se rétablit néanmoins. Marguerite de La Sablière est morte en janvier, Pellisson le 7 février. Les amis d’Angleterre essaient en vain de décider La Fontaine à venir s’installer à Londres. Il devient l’hôte d’Anne d’Hervart, Maître des Requêtes au Parlement de Paris, fils de banquier et extrêmement riche, marié à Françoise de Bretonvilliers. Le 1er septembre, achevé d’imprimer des Fables choisies, portant la date de 1694, et constituant le livre XII. En octobre-novembre, remarques adressées à Maucroix sur sa traduction d’Astérius.

1694 : Naissance de Voltaire.

1695 : Le 9 février, La Fontaine est pris de faiblesse en revenant de l’Académie. Il meurt le 13 avril, chez les d’Hervart, dans l’hôtel du même nom, situé dans la rue de la Plâtrière, actuelle rue Jean-Jacques-Rousseau. En procédant à la toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice. La Fontaine est enterré le 14 avril au cimetière des Innocents. Par suite d’une erreur commise sur ce point par d’Olivet dans l’Histoire de l’Académie, les commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur élever un mausolée, des ossements anonymes, au cimetière du Père Lachaise.

1696 : Œuvres posthumes, avec dédicace signée par Madame Ulrich.

1709 : Mort de Marie Héricart, veuve du poète.

1723 : Mort de Charles, fils unique du poète.

Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.


Illustration des Deux pigeons par Gustave Doré.
Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.

Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : "je me sers d’animaux pour instruire les hommes."

Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.

Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.

Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.

Les Contes

Le fabuliste a éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.

L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.

POUR CROW

Le Corbeau et le Renard

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. "
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s'en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.


https://youtu.be/mnU7PdliQiw



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MessageSujet: Re: les poëmes du jardin des poëtes   poetes - les poëmes du jardin des poëtes - Page 3 EmptyMar 3 Juil 2012 - 21:57

biensur, mes sources sont d'internet
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