COMMENT REALISER UN JARDIN NOURRICIER AVEC UN ESPACE MINIMAL?
Dans le cas extrême où vous n’auriez pas de terrain, il vous reste la possibilité d’en louer un pour une somme modique (jardins partagés: 10€/an environ) ou de trouver un espace abandonné en friche (c'est le cas de mon JARDIN DE LA BIODIVERSITÉ DE MERIGNAC) ou d’emprunter un jardin vacant (avec l‘association « des jardins, des voisins»).
Il est possible de cultiver des légumes le long d’un mur: le manque d’espace horizontal est compensé par les surfaces verticales avec des grimpantes sur des tuteurs, sur des portiques ou sur des treillis comme les pois, les haricots, les courges, la vigne… cela donne du volume au jardin et on a moins mal au dos lors des récoltes!
Une autre solution est la plantation en pots SUR VOTRE BALCON ou en jardinières sur un rebord de fenêtre (renseignez-vous sur les contraintes imposées par la législation locale ou le syndic). Pour une utilisation rationnelle et économique de ces espaces réduits, songez à la culture en suspension, dans de grands sacs ou dans un tonneau (excellent pour les tomates). En abritant du froid vos potées avec des mini-serres ou des sacs (ou bâches) en plastique à bulles (aérez par temps doux), l’hiver vous paraitra moins long. Pensez qu’il vous faudra laver vos légumes à trois reprises pour les débarrasser de la pollution urbaine.
Quels sont maintenant les légumes et les fruits à cultiver en priorité si on se base sur la rentabilité économique et un certain niveau d‘autosuffisance alimentaire?
Voici le résumé des expériences que j'ai réalisé, ces dernières années, dans le cadre de "JARDIN-ET-ECOTOURISME". La priorité des priorités est la culture des tomates (10 kg/quatre plants par m²) et des tomates-cerises. Ensuite, orientez votre choix vers les radis (surtout si vous mangez les fanes en guise d‘épinard), les oignons, l’ail, les laitues à couper, les plantes aromatiques (qui peuvent remplacer partiellement le sel avec une large palette de saveurs), les pommes de terre primeurs, les petits fruits (fraises, groseilles…), les arbres fruitiers nains (pêcher, figuier, kaki, pruniers divers) ou grimpants (kiwaï, vigne) ou en espalier, la courgette (surtout la jaune « Papaya Pears ») et la courge du Siam (au moins 10 kg/plant), éventuellement la rhubarbe, les bettes, les navets, les carottes à racines courtes, les haricots, les concombres et les légumes/fruits oubliés introuvables dans le commerce (mes préférés sont le cyperus sativus et le macéron). Si vous avez un petit terrain et que vous souhaitez avoir une grande variété de fruits, choisissez des arbres auto-fertiles: abricotier, cerisier aigre, figuier, nectarinier, pêcher (sauf J.H. Hale), prunier et petits fruitiers. Vous pouvez voir tout cela sur une terrasse en me rendant visite au jardin de la biodiversité de Mérignac. Par contre, il faut abandonner aux grands jardins les cultures les moins rentables: choux, épinard, artichaut, fève, aubergine, maïs, poireau.
Faut-il néanmoins préciser que le rendement économique du potager ou du verger n’est pas mon critère principal? Outre le plaisir des yeux, je prends en compte la qualité gustative (plutôt que la quantité) c’est-à-dire l’obtention des produits les plus sains et les plus frais possibles , « fabriqués » par soi-même (donc valorisants pour l’écojardinier). Je vous encourage à découvrir la diversité de nouvelles et vraies saveurs introuvables dans le commerce à travers des plantes oubliées ou exotiques. Plus la diversité alimentaire est grande, plus elle est favorable à la santé. Associez toutes les catégories de végétaux (légumes, fleurs, fruits), ne serait-ce que pour le plaisir des sens. Cela génère des jardins tout bourdonnants de vie, avec une qualité esthétique originale. C’est ce que je vous souhaite de réussir. Amusez-vous. Quelle fierté et quel bonheur de se régaler avec un légume élevé dans son propre jardin en partant de presque rien pour en faire ce produit à nul autre pareil! Mais, n’oublions pas que le jardin nous procure aussi (et surtout?) une nourriture spirituelle et, de ce fait, il devient une part de nous même.
Quant aux cultures à l’intérieur de la maison, elles sont limitées aux espèces se contentant de peu de lumière (notamment les champignons dans la salle de bains!), ce qui exclut les légumes (sauf les graines germées). Heureusement, plusieurs plantes décoratives sont adaptées à nos intérieurs. J'en profite pour rappeler que si on n’ouvre pas les fenêtres quotidiennement et suffisamment longtemps, l’air de nos maisons devient plus pollué que l’air extérieur! Et justement, même s'ils ne sont pas comestibles, plusieurs végétaux résistants à la pollution ont la capacité de purifier cet air: les plantes avec une importante surface de feuillage (mousses, fougères) capturent les poussières et les composés organiques volatils (les COV polluent énormément l‘air intérieur des maisons), mais c’est surtout l’activité microbienne du sol qui dégradent les composés polluants (donc les bouquets ou les cultures hors-sol n‘ont pas d‘effet dépolluant sur l‘air).
A bientôt peut-être dans mon jardin de la biodiversité de Mérignac (Gironde)?!
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